2022

À_la_une, Communication et action collective

Rojava, la guerre des images

A la fin de l’année 2011, l’instabilité politique du régime syrien consécutive à la révolte populaire commencée en mars profite aux forces kurdes du Rojava, région du nord-est du pays. Celles-ci mettent en place un système politique fondé sur les principes révolutionnaires du “confédéralisme démocratique”, qui se veut socialiste, non-étatique féministe et écologiste. Dans les médias, plusieurs cadrages des événements du Rojava se disputent. Entre l’image d’un foyer de dangereux terroristes, entretenue notamment par le gouvernement turc, et celle d’un combat héroïque pour la libération des femmes, la défense du « confédéralisme démocratique » et de l’écologie , entretenue dans des réseaux de soutien occidentaux, comment comprendre et analyser ces descriptions si contrastées de la révolution du Rojava ?

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Qui veut la peau des médias libres ? La presse indépendante face à ses contraintes de financement

Le 9 septembre 2022, après plus de 18 ans d’existence, le mensuel satirique marseillais Le Ravi met la clef sous la porte, marquant la fin d’une aventure. En cause : l’arrêt brutal des subventions versées par les collectivités locales depuis l’année 2021. Mais pas que : les problèmes de financement des médias libres sont chroniques. Un appel aux dons a été lancé par le Fonds pour une Presse Libre (FPL), créé par Mediapart en 2019 afin de soutenir les médias indépendants. Les médias libres sont des organisations qui, comme les autres, doivent se financer, mais leur position sur des marchés de niche rend l’opération souvent complexe. Comment ces médias parviennent-ils alors à survivre entre modes de financement traditionnels et alternatifs, dans un contexte de crise de la presse écrite ?

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Haro sur « l’islamo-gauchisme » et le « wokisme » : les nouvelles paniques réactionnaires.

Largement popularisées en France par les mouvements d’extrême droite, les catégories de « wokisme » et d’« islamo-gauchisme » se sont imposées dans l’espace des débats publics. Comment expliquer l’intense circulation, dans des supports médiatiques de grande diffusion, de ces notions aussi floues que disqualifiantes ? Une partie de l’explication réside dans leur utilisation par des membres du gouvernement, qui leur ont fourni une forme de certification politique. Dans cette conjoncture, la médiatisation et la diffusion dans le champ politique des notions de « wokisme » et « d’islamo-gauchisme » en France ces dernières années semblent typiquement relever de ce que les sociologues appellent une « croisade symbolique » ou encore une « panique morale » portée par des groupes néo-réactionnaires. Cet article montre comment ces anathèmes politiques, comme beaucoup de mots en « isme », renseignent davantage sur leurs utilisateurs que sur la réalité qu’ils nomment. Ils fonctionnent comme des instruments idéologiques de disqualification politique d’adversaires généralement associées à une partie de la gauche française.

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La fronde des petits patrons : mobilisations des restaurateurs français durant la crise sanitaire (2020-2021)

279 : c’est le nombre de jours de fermeture totale des restaurants français durant la crise sanitaire de COVID-19 en 2020-2021. Le secteur des CHRD (Cafés, Hôtels, Restaurants, Discothèques) est l’un de ceux qui sortent le plus durement affecté de cette crise. Les petits patrons indépendants, situés pour la plupart « en bas à droite » de l’espace social, n’entretiennent pas de relations routinières avec les journalistes des médias traditionnels, généralement issus des fractions cultivées des classes moyennes et supérieures, et il est peu habituel qu’ils aient recours à la force du nombre pour faire valoir leurs intérêts. Comment cette fraction du petit patronat s’est-elle mobilisée durant la fermeture des commerces ? Les restaurateurs ont-ils réussi à élargir leurs revendications, à bénéficier de relais médiatiques ? Comment expliquer la bienveillance du pouvoir exécutif à l’égard de leurs revendications ? Enquête au cœur d’une fronde de petits patrons.

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Les mobilisations de personnes « trans » dans les médias : processus d’étiquetage et luttes pour le contrôle des représentations publiques de soi

Depuis les années 1970-1980, en remettant en question le caractère naturel de la binarité sexuelle homme/femme, les mobilisations trans perturbent l’ordre institué des différences sexuelles. En France, comme ailleurs, ces revendications provoquent des réactions souvent psychologisantes et pathologisantes qui, loin d’en comprendre la dimension politique, contribuent à renforcer le processus d’étiquetage des personnes trans comme groupe « déviant ». Ainsi, pour les mobilisations trans, un enjeu majeur consiste à transformer l’image sociale stigmatisante qui est donnée d’elles dans un certain nombre d’arènes publiques. Comment ce mouvement peut-il réussir à légitimer une cause que de nombreuses personnalités politiques et médiatiques continuent de considérer publiquement comme déviantes ?

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La sobriété numérique : prise de conscience collective ou « greenwashing » ?

La question de la consommation énergétique du secteur du numérique semble avoir fait son chemin dans les plus hautes sphères du gouvernement français. Comment expliquer la discrète mise à l’agenda de ce problème public, encore considéré il y a peu comme risible voire rétrograde par le Président de la République lui-même ? Cet article montre le travail mené par des acteurs scientifiques, citoyens et politiques pour faire émerger l’enjeu de la sobriété numérique dans certaines arènes médiatiques et politiques, dans un contexte marqué par une dépendance accrue aux outils numériques qui contribue à en faire un sujet (encore ?) peu mobilisateur. Comment transformer en problème les effets environnementaux d’un secteur industriel qui se présente comme un pourvoyeur de solutions aux défis écologiques contemporains ? La « sobriété numérique » est-elle un mot d’ordre à la hauteur des enjeux colossaux que porte l’usage massif des nouvelles technologies ?

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