ERASMUS. 7 lettres, un mot, possédant un étrange pouvoir. Celui de produire, de fabriquer du rêve. Le rêve de partir, de découvrir, d’acquérir la possibilité de jouir d’une expérience nouvelle, exceptionnelle. La perspective d’un départ, d’un changement, d’un renouveau vers une destination européenne, proche ou lointaine. Angleterre, Allemagne, Espagne, ainsi qu’une vingtaine d’autres pays européens s’échangent chaque année leurs étudiants. Chacun a la possibilité de partir qu’il soit en licence, master ou doctorat, en sciences humaines, droit ou école de commerce. Ils étaient 3200 en 1987, lorsque le programme démarrait. 25 ans plus tard, nous sommes plus de 2,5 millions d’étudiants européens à en avoir bénéficié.
25 ans d’échange, qui ont permis de promouvoir l’Europe sous un angle nouveau, différent. Un angle qui captive et enchante les jeunes générations, les générations de demain, celles qui devront perpétuer la forme et l’esprit de cette Union. Union en mal d’identité, mais qui se dessine, bon gré mal gré, contre vents et marées. Une Union qui se forme à coups d’unification politique, économique, de traités et de commissions. L’Europe de l’est et de l’ouest, l’Europe et sa monnaie, sa quête d’identité, de citoyenneté. Vieux continent qui se soude et se solidifie pour mieux exister face au voisin américain ou asiatique qui prend de plus en plus de place, d’espace. Erasmus a la volonté de promouvoir cette identité, de créer cette convergence, cette fusion entre les Européens qui se rencontrent et s’apprivoisent au détour d’un semestre universitaire.
Erasmus, c’est quitter sa terre natale pour mieux découvrir son pays d’accueil, apprendre sa langue, s’initier à sa culture, rencontrer ses habitants et s’approprier leurs us et coutumes. Haut lieu d’instruction, l’université d’accueil est aussi le berceau de toutes les cultures européennes et mondiales qui confluent pour mieux s’apprendre, se comprendre, s’entendre. Cependant, quand on est un étudiant Erasmus, on se sent inévitablement le besoin de s’autoproclamer ambassadeur de son propre pays. On en fait l’apologie, on le traite avec soin et douceur, on le défend si nécessaire face aux préjugés et autres caricatures. On développe et on renforce sa propre identité nationale face aux autres européens qui n’hésitent pas à narguer, comparer, ou confronter nos pays respectifs.
Mais ces discussions, souvent vives et intenses ne sont jamais que le reflet de ces amitiés si typiques aux séjours Erasmus. Loin de la famille, des amis, du doux et confortable cocon volontairement abandonné depuis peu, les relations qui se tissent sont spontanées et fougueuses. Et puis, le temps est limité! Trois, six mois, parfois un an tout au plus. Il faut profiter de chaque instant, ne pas perdre un jour, une soirée, ne pas manquer la possibilité de rencontrer des nouvelles personnes encore et encore. L’urgence du temps qui passe nous commande de profiter au maximum de ce programme exceptionnel, atypique qui reste à jamais gravé dans les mémoires et qui laisse sur les lèvres un sourire flottant, souvenirs parfois flous et vaporeux de soirées enivrées.
Erasmus, c’est découvrir, apprendre, se surpasser, être au meilleur de sa forme tant sur le plan social qu’intellectuel. Car suivre des cours académiques dans une autre langue que la sienne n’est jamais chose facile. Mais le challenge est un composant nécessaire à cet échange. Le challenge est souvent aussi financier, car malgré les attributions boursières (en moyenne250€/mois) il est souvent difficile de joindre les deux bouts. Un apport personnel ou un job étudiant sont la plupart du temps indispensables. Mais devant le succès du programme, la Commission Européenne prévoit de tripler le budget, le portant ainsi à plus de 19 milliards d’euros pour la période 2014/2020.
Ainsi, 25 ans plus tard, Erasmus peut être fier de son bilan. Son slogan « Changing lives, opening minds » (changer les vies, ouvrir les esprits) continue d’attirer nombre d’étudiants qui accèdent grâce à ce programme d’échange, à l’éducation et à la culture européene.Nommé d’après le moine humaniste Hollandais Erasme, qui parcourut les pays d’Europe au 15e siècle pour mieux s’inprégner de leur culture, le programme Erasmus devrait avoir devant lui encore de nombreux siècles à vivre.
Haya Brami, étudiante Erasmus à Cambridge, Royaume-Uni