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Conséquences de l’évolution de l’exposition médiatique d’EELV

Dans le cadre de notre cours “Les médias en Europe” du 21 mars 2012, nous avons vu eu le plaisir de recevoir Alexis Braud (@alexisbraud sur Twitter), responsable des évènements chez Europe Ecologie Les Verts (EELV), membre de la direction nationale du parti et de l’actuelle équipe de campagne d’Eva Joly. Depuis cinq ans, la fonction évènementielle est internalisée au parti pour des raisons économiques et politiques. Son intervention portait sur les stratégies médiatiques d’une équipe de campagne et plus particulièrement sur le rapport aux médias et aux journalistes chez Europe Ecologie Les Verts. Un live tweet a été réalisé avec le hashtag #EELVmedia.
Le succès électoral aidant et l’intérêt médiatique croissant ont contraint EELV de modifier la manière dont le parti travaillait avec les médias et sa façon de mettre en scène les évènements. Par ailleurs, EELV assume, dorénavant, davantage la personnalisation du débat politique.
La mise en place d’un signal vidéo
Dès lors qu’une salle comporte plus de 700 personnes, le son ne suffit plus pour capter l’attention. Un signal vidéo devient nécessaire, même s’il représente un coût supplémentaire (la vidéo équivaut à un tiers du prix, en évènementiel).
Depuis les européennes, le parti d’EELV fournit un signal vidéo aux médias. Auparavant, cette pratique ne leur semblait pas très déontologique. Ce pourrait l’être si le parti interdisait aux chaînes de faire leurs propres images. Or ce n’est pas le cas, les chaînes pouvant tourner librement.
Des emplacements spécifiques sont prévus pour les journalistes, toutefois placés plus loin que le support vidéo du parti. A. Braud souligne le fait que certains partis placent très loin les journalistes, ne leur permettant ainsi pas d’avoir leurs propres images du candidat au pupitre. Il y a donc une différence entre fournir des images tout en laissant la possibilité aux journalistes de faire leur travail et compliquer leurs conditions de travail. Chez EELV, les journalistes et photographes ne sont qu’à un mètre plus loin que l’équipe vidéo du parti.
La qualité des images contribuent à véhiculer une image positive du parti et à renforcer son positionnement politique : des images de qualité reflèteront le sérieux du parti. Afin d’avoir un signal vidéo de qualité, le parti a constitué des équipes de réalisateurs, de cadreurs, etc…
La scénographie des évènements
Dans le cadre d’une campagne électorale, véhiculer une image positive du parti à travers les médias permet de convaincre les citoyens. Mais les images télévisées ou les sons de radios qui sont des condensés d’évènements (meetings, déplacements de campagne) y participent également. C’est depuis que des médias assistent aux meetings d’EELV, que le parti a commencé à mettre en scène ses évènements (ne plus faire parler le politique derrière une table mais debout derrière un pupitre, par exemple).
On est dans une phase de crédibilisation des écologistes et la scénarisation y contribue. Avoir une image qui colle aux standards visuels que peuvent avoir les autres partis politiques participe à cette crédibilisation et est donc lié au positionnement politique du parti. C’est en ce sens que la scénographie est une vraie stratégie politique.
Dans l’esprit de tous, le parti d’EELV est assimilé à la couleur verte. C’est universel, dans le monde entier, le parti écologique est associé à cette couleur. C’est un capital important, en France c’est le seul parti politique à utilisé cette couleur (excepté le parti islamique, mais le contexte ne porte pas à confusion). Cette particularité doit être prise en compte dans les évènements car l’identification à la thématique écologique est immédiate. Cette nécessité a été vérifiée suite à la tentative ratée lors de la campagne de Dominique Voynet qui a voulu utiliser de l’orange.
Le travail des médias doit être facilité
Autre nouveauté pour le parti : lors d’un meeting en province d’une personnalité politique du parti, un bus est loué pour les journalistes. Les journalistes doivent pouvoir travailler dans de bonnes conditions (wifi, prises de courant disponibles, etc.). La qualité d’accueil des médias et l’image qu’on leur renvoie à travers l’organisation de cet évènement modifie la manière dont ils vont relayer l’information, cela contribue à modifier la tonalité des articles à long terme.
Ainsi, l’environnement technique et visuel est un élément aussi déterminant que le discours en lui-même. En matière de communication politique, « ce qui compte c’est d’avoir de bonnes idées, qu’elles soient bien portées et bien véhiculées par les médias ».
Critiques des médias et des journalistes
Alexis Braud souligne la difficulté que peut poser le fait que certains médias soient des propriétés de groupes industriels qui dépendent de marchés publics (TF1/Bouygues), la propriété d’un média pesant sur sa ligne éditoriale. Il met en avant un autre biais : le financement des médias par la publicité et le poids très important des annonceurs (exemple d’Edf qui avait, en novembre 2011, supprimé son budget publicité en réaction à un article de la Tribune évoquant l’abandon du réacteur nucléaire EPR de Flamanville). Les écologistes sont plutôt favorables à la limitation stricte de la publicité dans les médias car ils contribuent à former l’opinion publique. A. Braud affirme qu’ils devraient avoir un rôle d’éducation populaire.
Il souligne le fait que les journalistes vont préférer ne pas expliquer suffisamment en détail un sujet compliqué, qui ne serait pas sexy à la radio ou à la TV, afin d’éviter de perdre du temps d’antenne. Il critique, par ailleurs, le fait que certains journalistes aient pu dire que les écologistes proposaient de remplacer une centrale nucléaire par des éoliennes. C’est une aberration car ce n’est pas ça le sujet mais personne ne corrige. Alexis Braud juge l’infographie pédagogique utile pour réussir à expliquer des choses techniques.
Qui est l’électeur d’EELV ?
L’électorat écologiste n’existe pas en tant que masse structurée, qui se reproduit d’élections en élections. Les personnes votent EELV, en fonction des élections (choix d’opportunité en fonction du type d’élection et de l’offre). La stratégie du parti est donc davantage axée vers une stratégie de conquête et de mobilisation. Mais, le fait que l’électorat d’EELV ne soit pas structuré ne signifie pas qu’on perd les électeurs ou qu’ils sont déçus. EELV n’a pas d’électorat structuré car le paradigme écologiste n’est pas intégré dans l’esprit des Français. L’écologie n’est, pour l’heure, pas située comme  un paradigme, on doit se positionner entre les deux modèles dominants : droite, gauche. Par ailleurs, A. Braud souligne que les électeurs d’EELV ont tendance à être plus facilement abstentionnistes que les autres.
 
Caroline Saisou

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