« Avec Isotope, profiter de l’électricité la plus propre de France vous coûte moins cher et vous permet de lutter contre le réchauffement climatique. »[1] La proposition du fournisseur d’électricité Isotope energy, qui se décrit comme « le premier fournisseur d’électricité d’origine nucléaire », pourrait séduire : alors que les enjeux climatiques sont au cœur du débat public, l’entreprise met en avant son faible coût et ses vertus supposées d’énergie décarbonée. L’identification de l’électricité d’origine nucléaire à une « énergie propre » peut toutefois sembler surprenante, pour peu que l’on s’intéresse à l’ensemble de la filière nucléaire : conditions d’extraction et d’acheminement des minerais d’uranium ; fonctionnement et dysfonctionnements des centrales dans un contexte de vieillissement du parc nucléaire ; problème non-résolu du stockage des déchets[2]… L’entreprise peut toutefois se targuer de bénéficier, en la matière, d’une certification symbolique au plus haut niveau de l’Etat. Les reports des échéances fixées par les gouvernements Hollande et Macron d’une diminution de la part du nucléaire dans le mix énergétique pour 2030, puis 2035, témoignent de la dévaluation de l’intérêt porté à la question de la sortie du nucléaire, pourtant prédominante au lendemain de l’accident de Fukushima en 2011. Ces dernières semaines, le gouvernement Macron a ainsi affirmé un positionnement clairement pronucléaire, à quelques mois des élections présidentielles[3]. Le « verdissement » de l’industrie nucléaire ne serait-il qu’une manière de faire de nécessité (économique) vertu (climatique) ?
Comme l’ont montré des travaux de sciences sociales, l’action publique en matière d’environnement et de climat se réduit pour l’essentiel, depuis plusieurs décennies, à la promotion de mesures d’incitation visant à favoriser des pratiques individuelles « écocitoyennes », au prix d’une marginalisation des discours qui avancent que les solutions au changement climatique relèvent d’abord de choix collectifs[4]. Le nucléaire n’échappe pas à la règle : plutôt que de considérer l’énergie nucléaire comme un choix de société – ce qui ouvrirait la possibilité d’en sortir -, l’essentiel de la communication destinée aux citoyens et aux consommateurs en matière de « transition énergétique » consiste à inciter les ménages à mieux maitriser leur consommation dans leur foyer.
Plus récemment, un tournant a été opéré du côté du discours pronucléaire, au nom de l’argument climatique. Celui-ci a jeté le trouble dans les réseaux des militants prônant le choix d’une sortie du nucléaire. Comment les mobilisations anti-nucléaires en France peuvent-elles revaloriser leur cause en dépit de cadrages politiques et médiatiques dominants tendant à faire de cette source d’énergie un atout de « transition énergétique » et une solution face aux enjeux climatiques ? Pour y répondre, cet article se penche sur les stratégies de communication déployées par les militants du réseau Sortir du nucléaire, dans ce contexte peu propice à la défense de leur cause. Comment le principal réseau anti-nucléaire français peut-il se repositionner dans l’espace des luttes environnementalistes alors qu’une partie des organisations écologistes les plus actives tendent à « cadrer » leur cause autour des enjeux climatiques, voire à reprendre à leur compte l’argument climatique promu par la filière nucléaire ? Nous avons posé ces questions, et quelques autres, à Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire, dans le cadre d’un entretien que le lecteur trouvera à la fin de l’article.
Les mobilisations anti-nucléaire en France : extension et rétraction des réseaux militants
Les mouvements écologistes opposés au nucléaire naissent dans les années 1950 parallèlement au développement du nucléaire civil et militaire. Les bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima alimentent le débat sur le nucléaire dans un contexte de guerre froide. L’acquisition de l’arme nucléaire comme arme de dissuasion massive devient un sujet journalistique récurrent. Au début des années 1970, notamment avec la crise liée aux chocs pétroliers, la médiatisation de l’argument antinucléaire s’articule autour de l’indépendance énergétique des États. En 1979, avec l’accident de Three Miles Island aux Etats-Unis, puis en 1986, avec celui de Tchernobyl, en Ukraine, les accidents discréditent l’argument, employé jusqu’alors par les partisans du nucléaire, d’un nucléaire civil synonyme de modernité[5]. Ces accidents, hautement médiatisés, cristallisent le regard de l’opinion publique sur le sujet. C’est également le cas en 2011, avec l’accident de Fukushima[6].
L’enjeu de la mobilisation de « l’opinion publique » autour de la question nucléaire est au cœur des activités des organisations militantes comme des pouvoirs publics et des groupes d’intérêt pro-nucléaires. Comment mobiliser sur cette énergie perçue selon les cas comme dangereuse et nécessaire, coûteuse et bon marché, source de dépendance et d’indépendance stratégique ? Parallèlement aux transformations à l’œuvre dans le champ associatif, politique et bureaucratique, l’institutionnalisation de la question environnementale dans les médias français commence au tournant des années 2000[7]. Les médias de grande diffusion ont progressivement accordé plus d’espace à ces thématiques, auparavant décrédibilisées car considérées comme traitées sous un angle militant plutôt que professionnel. Les rubriques deviennent de plus en plus fréquentes, les moyens humains dédiés augmentent et de plus en plus de médias s’emparent de ces sujets.[8] Or la généralisation du journalisme écologique dans les médias dominants va de pair avec la consécration publique de l’enjeu climatique.
Un mouvement antinucléaire français en perte de vitesse
Le recadrage des problèmes environnementaux[9] autour des enjeux climatiques a provoqué une crise interne dans le mouvement antinucléaire français, déjà fragilisé et très hétérogène. En effet, depuis l’instauration de l’Association des écologistes pour le nucléaire (AEPN), première organisation à l’échelle nationale, en 1996, plusieurs organisations se sont succédées[10], reflétant les divergences existant au sein du mouvement. Le Réseau sortir du nucléaire (RSN), créé en 1997, est l’une de ces organisations. Il ne s’agit pas de la seule représentante du mouvement antinucléaire en France. D’autres organisations comme Greenpeace sont engagées de longue date dans cette cause[11]. À l’origine, RSN regroupait vingt associations. Le réseau a connu une rapide croissance dans les années 2000, stoppée par une grave crise à partir de 2009. En 2015, RSN compte 932 organisations membres, dont 124 associations, avec un budget de plus d’un million d’euros et 15 salariés. Si ces chiffres sont restés stables[12], le RSN n’est pas parvenu à donner l’impression d’un mouvement antinucléaire unifié, même s’il en reste l’un des interlocuteurs principaux, notamment auprès des médias. De nouvelles coalitions formées par les anciens membres du réseau, souvent de taille restreinte, ont été créées à partir de 2009 comme la Coordination antinucléaire ouest, la Coordination sortir du nucléaire, le Réseau sortons vite du nucléaire ou encore le Réseau zéro nucléaire. Mais c’est la question climatique qui a, en partie, révélé les dissensions internes au réseau, et celles de l’ensemble du mouvement antinucléaire, par exemple à propos de la temporalité relative à la sortie du nucléaire.
Ces dissensions interviennent alors que le mouvement antinucléaire est vieillissant. Selon le journaliste Gaspard d’Allens, auteur avec Pierre Bonneau et Cécile Guillard d’une bande dessinée sur les luttes contre le centre d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, la mobilisation est en perte de vitesse et serait devenu « un club du troisième âge »[13]. De son point de vue, il aurait laissé de côté les publics les plus jeunes et aurait été progressivement « domestiqué ». Pour lui, le mouvement a perdu de sa substance et ses actions seraient devenues avant tout des coups de communication[14].
Dans ce contexte, l’argument antinucléaire semble s’être déprécié, notamment face aux enjeux climatiques et l’appel à une nécessaire « transition énergétique ». Alors que le mouvement écologiste s’est largement construit dans les années 1970 sur le rejet du nucléaire, aujourd’hui, l’argument climatique est au cœur non seulement des mobilisations écologistes… mais des discours pro-nucléaires. Ainsi, les partisans du nucléaire ( EDF, Orano, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l’Académie des sciences ,la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) ou encore le Gouvernement) le présentent comme une énergie verte, en raison de ses faibles rejets de CO2, se basant, notamment, sur les rapports du GIEC[15]. C’est le cas par exemple de l’ingénieur et conférencier Jean-Marc Jancovici. Pour d’autres acteurs, c’est l’argument économique qui prime : en effet, le nucléaire est présenté comme une énergie moins coûteuse que les autres énergies et donc plus durable. Ces arguments se heurtent à ceux du mouvement antinucléaire, mettant en avant les problématiques des déchets nucléaires ou encore du vieillissement des centrales. Des arguments qui semblent, aujourd’hui, peu entendus dans le débat public.
Remobiliser l’opinion publique et influencer les décideurs politiques
Le RSN est aujourd’hui, l’une des forces du mouvement antinucléaire français. Cependant, si le discours antinucléaire en France a des difficultés à se positionner face au recadrage des enjeux environnementaux autour des problèmes climatiques[17], le RSN a quant à lui cherché à re-mobiliser l’opinion publique afin d’influencer les décideurs politiques sur la fin du nucléaire dans « le pays le plus nucléarisé au monde »[18]. Il est doté d’un important répertoire de moyen d’actions militantes et use de stratégies comme la pétition, les communiqués de presse, des articles produits par le réseau ou encore des revues de presse et des infographies, mais est également présent sur les réseaux sociaux.
La communication du RSN s’appuie sur des dispositifs de communication traditionnels mais également digitaux. Le réseau dispose d’un site internet, regroupant toutes les informations relatives à l’association et permettant à quiconque de la rejoindre et de faire des dons. Il est également présent sur les réseaux sociaux. Ainsi, la page Facebook du RSN compte plus de 62 000 abonnés, et le compte Twitter, près de 15 000[19]. Ces derniers permettent de relayer les actions militantes du réseau, comme celle qui s’est tenue à Lyon le samedi 25 Septembre 2021, durant laquelle une banderole a été déployée le long du Rhône pour plaider pour la fermeture de la centrale nucléaire de Bugey et contre l’implantation de nouveaux réacteurs. Cela permet également au RSN de partager des appels à manifestation, des articles de presse ou encore des vidéos. Face à une mobilisation importante des pro-nucléaires sur les réseaux sociaux[20], la présence du RSN y semble nécessaire.
La stratégie de communication du RSN s’appuie donc sur une médiatisation des enjeux antinucléaires, notamment visible par la présence de son actuelle porte-parole, Charlotte Mijeon, dans les médias. Elle contribue à donner une image plus dynamique et jeune à ce mouvement qui paraissait vieillissant. Récemment par exemple, le 13 juin 2021, a été publié par Konbini News[21] un débat entre Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), et Charlotte Mijeon sur l’énergie nucléaire. Cette vidéo, vue plus de 236 000 fois sur Facebook, témoigne de la volonté des acteurs antinucléaires de médiatiser leur discours et leurs actions. À travers sa forte présence dans les médias, Charlotte Mijeon cherche notamment à contrebalancer le discours dominant de « verdissement » du nucléaire et de faire entendre une autre voix, comme elle nous l’a expliqué lors de notre entretien du 18 octobre (voir ci-dessous).
Grâce à l’outil Google Trends[22], on constate que le nombre de recherches d’utilisateur sur le RSN au cours des cinq dernières années a connu plusieurs pics, notamment le 13 juin 2021 mais aussi du 18 février au 24 février 2018 lors de la participation de Charlotte Mijeon et de Martial Château à l’audit de la Commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires[23]. Un autre pic peut être facilement visible, correspondant à la période allant du 17 novembre au 23 novembre 2019, dû au séisme du 11 novembre 2019 près des centrales nucléaires du Bugey, Saint Alban, Cruas-Meysse et Tricastin – événement sur lequel le RSN avait fortement communiqué. Les recherches des internautes sont globalement faibles mais le réseau réussit tout de même à susciter l’intérêt à des moments clés.
De plus, une recherche sur la base Factiva montre une baisse de la couverture journalistique des activités du réseau entre 1997 et 2021 et notamment depuis une dizaine d’années.[24] Les pics observés en 2003, année de la canicule qui avait obligé l’arrêt de la centrale de Fessenheim et 2011, année de l’accident de Fukushima (Japon), amènent à penser que la newsworthiness (intérêt médiatique) de la question nucléaire est largement attribuable aux catastrophes de grande ampleur plutôt qu’au fonctionnement quotidien de l’industrie nucléaire.
Ainsi, l’essor des enjeux climatiques dans le débat public français a perturbé les acteurs des mobilisations anti-nucléaires, avec l’émergence de courants environnementalistes pro-nucléaires face auxquels la mobilisation a du mal à se positionner. Alors que le mouvement est peu unifié et vieillissant, des groupes comme le Réseau Sortir du Nucléaire, rassemblant de nombreuses associations ainsi que des mastodontes comme l’ONG Greenpeace, ont mis en place des dispositifs de communication afin de donner une nouvelle image au mouvement antinucléaire français et de (re)dynamiser le débat autour de cette thématique. Charlotte Mijeon, porte-parole du RSN, est le nouveau visage de cette mobilisation anti-nucléaire, qui entend remettre au cœur du débat, notamment des élections présidentielles, la question clivante du nucléaire français.
« Une mobilisation, ce n’est pas que de la communication ». Entretien avec Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire (18 octobre 2021)
- Avril21: Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Charlotte Mijeon, je travaille depuis treize ans pour le Réseau Sortir du Nucléaire où je m’occupe depuis 2012 de la communication vers les médias, du suivi de certains dossiers de fond et du plaidoyer.
Pouvez-vous présenter en quelques mots le Réseau Sortir du Nucléaire ?
Difficile de s’en tenir à quelques mots. On pourrait dire indépendance, soutien, amplification et fédération. Commençons par là. Le RSN, c’est à la fois cette ambition de fédération et de diversité. Même si cette diversité reste au sein d’un spectre politique et militant qui va de l’extrême gauche au centre droit et ne déborde pas trop sur la droite.
C’est à la fois une association nationale et un espace qui regroupe des structures très diversifiées fédérées autour de la volonté d’obtenir une décision politique de sortie du nucléaire : qu’il s’agisse d’associations de protection de l’environnement généralistes, d’associations locales militant spécialement contre le nucléaire par rapport à une centrale ou un projet de site, des sections locales de partis politiques ou de syndicats. Il y même des organisations qui n’ont pas forcément grand-chose à voir avec le nucléaire a priori mais ont la préservation de l’environnement comme objectif, comme des coopératives dédiées à la vente de produits bios, ou encore des associations étudiantes. On essaye de se retrouver autour de ce qui nous fédère dans notre diversité et d’effectuer une synthèse. Par exemple, on n’a pas de position unique par rapport au délai de sortie du nucléaire : ce qui importe, c’est la décision politique de sortie.
Indépendance parce qu’on ne reçoit aucune subvention publique. C’est un état de fait et un choix pour garder une liberté de ton et ne pas être tributaire de la nécessité de remplir tout le temps des dossiers de subvention. Nos ressources proviennent à 95% à peu près de dons de personnes individuelles et les 5% restant correspondent aux cotisations des associations. Il y a également, de façon assez anecdotique, des subventions accordées par de petites fondations familiales.
Comment s’organise la communication au sein du Réseau Sortir du Nucléaire ?
Très concrètement, nous sommes deux à nous occuper spécifiquement de la communication. Je m’occupe surtout de tout ce qui est communication vers les médias, ainsi que de rédaction de documents de fond, plaidoyer vers les politiques, etc. Ma collègue en charge de la communication « grand public » s’occupe surtout de la coordination de notre revue trimestrielle, de la rédaction des tracts, des documents de campagne, et de la levée de fonds. Un autre collègue s’occupe, lui, des réseaux sociaux. Je le seconde de temps en temps, quand par exemple il y a un fait d’actualité et qu’il faut publier une réaction rapidement. Par ailleurs, dans leurs postes respectifs, chacun.e de mes collègues est amené.e à s’occuper de temps en temps de communication vers différentes cibles (communication avec les militant.es, interface pour les personnes qui nous font des dons, etc., publication de comptes-rendus d’incidents sur notre site…).
Je travaille en lien étroit avec un Conseil d’administration et un comité spécial pour la communication médias à qui je fais relire tous mes communiqués de presse, toutes les réactions médias, les tribunes. Je n’envoie pas un communiqué de presse sans qu’il y ait quelqu’un qui l’ait relu et sans qu’il y ait des échanges avec des représentant.es du conseil d’administration.
Pensez-vous qu’aujourd’hui la communication joue un rôle clef pour les mobilisations, en particulier anti-nucléaires ?
Oui, mais pas que. Une mobilisation, ce n’est pas que de la communication. C’est vraiment l’essentiel : on ne peut pas communiquer sur du vide. Par exemple, on ne peut pas être sûr qu’il y aura du monde à une manifestation. Ceci étant dit, faire connaître notre combat, toucher d’autres personnes pour qu’elles en viennent à se mobiliser, c’est aussi un très gros enjeu. Il y en a d’autres : à qui parle-t-on ? dans quels termes ? comment arrive-t-on à renouveler nos moyens de toucher les gens ? Ce n’est pas en alignant des chiffres et des données qu’on touche les gens au cœur pour les pousser à s’engager. Aligner des chiffres, c’est utile pour d’autres choses, comme pour crédibiliser notre discours, mais pas forcément pour mobiliser.
La communication est aussi liée à des questions comme “quelle image projette-t-on ?” “quel message ?” “qui cherche-t-on à toucher ?”. C’est effectivement un très gros enjeu, sachant qu’on ne touche pas “les gens”, parce que “les gens”, ça n’existe pas. On ne touche pas non plus “les jeunes”, ça ne veut rien dire. Être jeune en France en 2021, cela peut recouvrir des vécus tellement différents qu’on ne peut pas considérer la jeunesse comme un bloc homogène.
On ne touche pas “les gens”, parce que “les gens”, ça n’existe pas
Charlotte Mijeon
Nous nous efforçons à la fois d’avoir un message le plus audible possible, en essayant de toucher à l’universel, tout en étant conscients du fait que ce que nous estimons universel ne parlera sans doute pas à d’autres personnes et que notre discours est forcément situé et reçu par des personnes qui le percevront elles-mêmes avec leurs propres manières de voir les choses, leurs vécus.
Quelles sont les cibles du réseau ? Est-ce que vous les avez définies dans votre stratégie de communication ?
Il y a quelques années, juste avant le Covid, on avait commencé toute une réflexion à ce sujet, et notamment sur l’élaboration de ce qu’on appelle des personas. Covid oblige, c’est resté un peu au point mort. Ceci dit, on essaye de communiquer vers plusieurs cibles, vers différents cercles concentriques : vers les personnes très mobilisées, pour qu’elles viennent à des manifestations, vers des personnes qui ne peuvent pas se mobiliser pour toutes sortes de raisons, mais pour qu’elles signent au moins une pétition ou qu’elles nous soutiennent un peu financièrement, et vers des personnes qui ne nous connaissent pas mais pourraient être sensibles à nos arguments, pour leur apporter de l’information. On essaye de communiquer vers des élus, des parlementaires, de manière très ciblée. Il y a enfin, toutes les personnes vers lesquelles on choisit de ne pas communiquer parce que ça ne sert à rien, notamment quand on se fait agresser sur les réseaux sociaux. Cela ne sert à rien de rentrer dans le jeu.
C’est donc un choix de ne pas répondre aux messages négatifs ?
On est une petite équipe et les réseaux sociaux sont chronophages. La question de savoir si oui ou non on souhaite et on a le temps de se confronter aux trolls se pose. Sur chacun de nos posts, on sait qu’on recevra autant de retweets que de messages haineux et agressifs, voire même plus de messages haineux, au regard de la puissance de frappe du lobby nucléaire.
Sur quels médias vous appuyez-vous le plus pour communiquer ?
Si l’on comprend “médias” au sens très large, nous essayons bien sûr de viser au maximum un relai par la presse etc. Nous répondons quasi systématiquement aux sollicitations, excepté quand elles émanent d’un média qui va nous décrédibiliser, comme des sites complotistes ou d’extrême droite. Nous avons conscience des limites de l’exercice : si on sait qu’on aura plus de temps sur France Culture. Avec BFM, c’est souvent juste une phrase qui sera reprise. Très souvent, d’une interview d’une demi-heure, il ressortira seulement une phrase et une image d’illustration. Mais on se dit que ça vaut quand même le coût d’essayer de faire passer quelque chose, ne serait-ce déjà que pour montrer qu’on existe… Il y a des médias beaucoup plus empathiques que d’autres avec nous : Reporterre plutôt que CNews par exemple, pour citer des exemples assez extrêmes.
Nous essayons, à côté de ça, de créer de plus en plus nos propres médias, de produire des récits, d’investir les réseaux sociaux. Nous avons notre propre revue, qui est une revue trimestrielle destinée à nos sympathisant.es. Nous concevons aussi régulièrement des tracts ou des documents explicatifs avec des infographies. Nous avons bien sûr un site qui est assez visité, où l’on essaye de produire notre propre décryptage de l’actualité. Une de mes collègues effectue à plein temps une veille sur tous les incidents sur le parc nucléaire, pour essayer de mettre en exergue ce qu’il s’est passé et quels en sont les enjeux.
Évidemment, il y a des choses que l’on aimerait développer quand on aura plus de moyens et surtout, plus de personnes qui se sentent à l’aise avec ça. Dans notre équipe, personne n’est vraiment digital native.
A travers nos recherches, nous avons observé que les mobilisations antinucléaires sont qualifiées de « vieillissantes ». Êtes-vous d’accord avec ce point de vue ?
Il y a là quelque chose de factuellement fondé. Sociologiquement parlant, il y a des effets de cohorte. Une bonne partie de nos militant.es sont des personnes qui avaient vingt ans dans les années 1970 quand les centrales se sont construites, et pour lesquelles cette mobilisation a été au cœur de leur politisation, de leurs engagements. Quarante, cinquante ans après, ils sont toujours là et sont toujours mobilisés. C’est la génération des baby-boomers, donc ils sont numériquement plus importants et il est vrai qu’au fur et à mesure que cette génération-là vieillit, notre moyenne d’âge vieillit. On ne peut pas nier que ces personnes-là représentent une part très importante de nos militant.es.
Il y a un renouvellement qui se fait mais qui n’est pas évident, ne serait-ce que parce que militer prend du temps et dans les associations on retrouve plus de retraités ou de très jeunes que des personnes avec des enfants en bas-âge. Il y a tout un enjeu de renouvellement des répertoires car certains ne parlent pas forcément à des personnes plus jeunes, de renouvellement de nos manières de communiquer.
Les antinucléaires font tellement l’objet de campagnes de dénigrement et de décrédibilisation, que très souvent, quand un militant ou une militante se retrouve à parler en public ou à des médias, il ou elle entre tout de suite dans un discours très technique avec pleins de sigles pour montrer sa maîtrise du sujet et ce faisant, perd plein de gens en route. Il y a plein de jeunes à qui cette approche technique ne parle pas forcément.
Ceci étant dit, on observe quand même un renouvellement de l’engagement contre le nucléaire qui est le fruit d’une certaine génération militante, avec des personnes qui sont rentrées dans la lutte antinucléaire, soit par des luttes de terrain, comme par exemple contre l’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, soit par le biais de luttes intersectionnelles, dans la jeune génération notamment, par le biais de luttes féministes ou d’approches anticoloniales. Il est vrai que ce n’est pas évident de mobiliser les plus jeunes sachant qu’on assiste à un matraquage du lobby du nucléaire pour prendre en otage la question du climat, avec tout le discours autour des faibles émissions de CO2 du nucléaire, et un poids très fort de certains influenceurs comme Jean-Marc Jancovici, qui ont un discours qui touchent beaucoup de gens, y compris les plus jeunes.
Je perçois que chez certain.es, il y a une angoisse existentielle qui est telle face à la crise climatique que cela puisse les amener à se dire – à tort ! – que même si le nucléaire n’est pas propre et que c’est dangereux, on ne peut plus se permettre d’avoir d’états d’âme et on n’aurait pas le choix. Ce qui est certain, c’est que la cause climatique touche au sensible. On a tout.es vécu ces dernières années une canicule vraiment éprouvante, on a tout.es vu des arbres se dessécher complètement, et ça nous touche dans notre chair. Le fait d’être touché ainsi peut mener à devenir fortement mobilisé. Le nucléaire, surtout pour les générations les plus jeunes, qui ont grandi avec un parc de centrales déjà construit, c’est loin des yeux, loin du cœur. Il y a moins pour elles cette dimension sensible et existentielle, qu’il y a pu avoir avec des générations plus anciennes qui ont vu des centrales se construire sur des sites sur lesquels il n’y avait rien ou qui ont aussi grandi pendant la Guerre Froide avec la perspective qu’un conflit nucléaire mondial était imminent. Il est plus difficile de mobiliser sur un sujet qui est perçu comme plus distancé et abstrait.
Le nucléaire, c’est à la fois un sujet qui est dans le paysage, et sur lequel il y a peu d’informations et qui est éclipsé par d’autres enjeux, ce qui ne facilite pas la mobilisation
Quel est la position des mobilisations anti-nucléaires face à l’argument présentant l’énergie nucléaire comme fiable, sûre et propre ?
Il y a tout d’abord la question du risque d’accident, dont l’éventualité est même reconnue par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Le patron de l’ASN répète régulièrement que personne ne peut nous garantir qu’il n’y aura pas un jour un accident nucléaire en France. Il existe même un site, https://post-accident-nucleaire.fr/ qui invite à « dialoguer sur le post accidentel sur les territoires » ; c’est une situation qui est envisagée de manière très concrète. Par ailleurs, notre travail de veille et suivi des différents rapports d’inspection nous montre qu’il y a lieu de se faire de sérieux soucis par rapport à certains sites. À la fois sur des questions de vieillissement des équipements mais surtout sur celles relatives au facteur humain : en effet, la maintenance correcte des installations, qui est un impératif en termes de sûreté, peut être compromise par des facteurs organisationnels et surtout par la prévalence de logiques de rentabilité à court terme qui amènent régulièrement à faire l’impasse sur certaines opérations. On sait également, ça a été avéré et documenté, qu’il y a eu des affaires de fraudes très importantes au sein des usines où sont fabriqués les composants métalliques.
Partant de là, il y a des éléments objectifs qui nous inquiètent. On ne peut donc pas considérer le nucléaire comme fiable. Par ailleurs, en parlant de fiabilité, si on étudie sérieusement la question du nucléaire comme outil de lutte contre le réchauffement climatique, construire un réacteur nucléaire prend en moyenne dix ans (et c’est un minimum), sachant qu’on doit réduire nos émissions de moitié au niveau planétaire d’ici à 2030 si on veut avoir une chance de rester sous le seuil des 1,5°C de réchauffement. On ne peut pas y arriver avec une option si lente, et qui en plus est sujette à des retards très importants. Il y a trop d’aléas, de retards, de risques avérés de malfaçons qui peuvent entraîner des conséquences, et de dérapages pour que l’on puisse considérer le nucléaire comme fiable.
L’un des arguments du lobby du nucléaire est d’avoir un raisonnement unidimensionnel et de considérer que les émissions de CO2 sont le seul critère permettant de juger de la durabilité ou non d’une technologie. Or, le nucléaire émet certes peu de gaz à effet de serre, mais il génère, d’une part, la pollution des mines d’uranium, qui peuvent polluer des territoires, des nappes d’eau souterraines. D’autre part, en fonctionnement régulier, le nucléaire signifie pollution chimique, thermique et radioactive des cours d’eau. Les centrales sont en effet autorisées à effectuer des rejets de substances radioactives et chimiques dans l’environnement. Par ailleurs, l’eau rejetée par les centrales est plus chaude de plusieurs degrés. En été, en période de fortes chaleurs, pour éviter de trop impacter des milieux aquatiques déjà fragilisés, on doit régulièrement arrêter des réacteurs ou réduire leur puissance. Ce qui d’ailleurs pose des questions de durabilité à moyen terme, dans un monde qui se réchauffe.
Enfin le nucléaire va de pair avec la production de déchets dont certains resteront dangereux pour des durées qui dépassent celles des civilisations humaines. Cela devrait suffire pour arrêter de dire que le nucléaire est propre. On se retrouve avec des substances qui n’existaient pas il y a 50 ans, qu’il va falloir gérer sur des générations et des générations et pour lesquelles il n’y a aucune option satisfaisante. Toutes les options présentent des risques. Dans un monde qui va devenir de plus en plus instable, incertain, on a besoin d’évoluer vers des systèmes de plus en plus résilients, de ne pas ajouter une couche de complexité avec de nouveaux déchets à gérer alors que je pense que nos générations et celles d’après auront déjà suffisamment à faire avec les conséquences du changement climatique.
Et encore je n’ai pas parlé du risque terroriste, sachant qu’il y a déjà eu, en Belgique, des actes de sabotage sur des réacteurs nucléaires. On sait que des terroristes ont approché certains sites, donc qu’ils constituent des cibles de choix pour quelqu’un qui voudrait faire énormément de dégâts.
Quelle est la stratégie de de communication du Réseau Sortir du Nucléaire pour lutter contre cet argument ? Et comment imposer l’argumentaire anti-nucléaire face à des acteurs qui semblent disposer d’un poids économique et médiatique plus important que le RSN ?
Ce n’est pas juste qu’ils « semblent » disposer de plus de poids, ils en ont effectivement !
Comme je le disais, j’essaye autant que possible de ne pas tomber dans le piège de tout ramener aux émissions de CO2. Nous dénonçons certes une industrie qui présente son électricité comme « décarbonée », ce qui est mensonger. Mais en réalité, batailler pour prouver que le nucléaire n’émet sans doute pas 12g de CO2 par kWh, certaines études suggérant plutôt une médiane d’émissions de 66g par kWh, c’est certes intéressant mais cela a ses limites. Ça reste peu émetteur par rapport aux fossiles, et surtout le débat reste sur le terrain défini par le lobby. De mon sens, il faut arriver à « dézoomer », pour montrer qu’en fait, d’une part ce n’est pas la seule option peu émettrice de gaz à effet de serre, et que surtout, cette option est beaucoup trop chère, trop dangereuse et hors délai face à l’urgence climatique.
A mon avis, c’est ça, vraiment, qu’il faut marteler – et que nous répétons d’ailleurs. Il ne suffit pas qu’une option soit peu émettrice dans l’absolu pour qu’elle soit pertinente dans un contexte donné. On s’appuie autant que possible sur des éléments factuels, notamment ceux fournis par un groupe de consultants qui publie chaque année un rapport, le World Nuclear Industry Status Report, dans lequel figurent un bon nombre de données factuelles sur le nombre de réacteurs en construction dans le monde, le nombre de chantiers avec des retards de construction, les prix comparés, historiquement, du nucléaire et des autres énergies et c’est très intéressant.
Il y a vraiment deux axes : la question des nuisances du nucléaire, qu’il faut continuer à mettre en avant (même si j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de personnes qui ne sont plus touchées par cet argument et se disent “tant pis, je les connais mais acceptons quand même”), et puis la question du caractère inadéquat du nucléaire pour faire face à l’urgence climatique. Puis rappeler que les centrales existantes ne sont pas éternelles. Indépendamment de l’enjeu de la production de déchets, de la pollution, des mines d’uranium (qui sont des éléments mentionnés par le GIEC lui-même), elles ne pourront pas continuer à produire indéfiniment leur électricité « bas carbone ». Il y a certains composants qu’on ne peut pas remplacer, qu’on ne peut pas réparer et qui sont vulnérables face au vieillissement ; dans ce cas-là, si on pousse leur fonctionnement au-delà de la durée initialement prévue, on prend des risques, tout simplement.
Ensuite, face à des acteurs qui ont des moyens qui ne sont pas les nôtres, je n’ai pas de réponse magique. On ne joue pas dans la même cour, on n’a pas les mêmes moyens, on n’a pas le même entregent, on ne parle pas à l’oreille des politiques, on n’a pas de grands éditorialistes dans notre poche. On est dans une asymétrie totale de moyens, de modes d’action. Nous avons 12 salariés dans notre association ; comparé au nombre de personnes au service de communication d’EDF, d’Orano ou de la Société Française d’Énergie Nucléaire, c’est peanuts. Ils sont très présents sur les réseaux sociaux et ils ont une audience très forte, ils ont les moyens de payer des cabinets de communication, il y a aussi des influenceurs comme Jean-Marc Jancovici, qui a une audience énorme. C’est vrai que sur ce terrain nous on se bat avec nos petits moyens.
La question du nucléaire est de plus en plus présente dans le débat politique, pensez- vous que cela puisse devenir un enjeu des élections ?
C’est de fait un enjeu des élections, mais j’ai l’impression qu’il y a avant tout un enjeu de marqueur identitaire et politique à invoquer le nucléaire. J’ai l’impression que les candidat.es qui veulent rassurer sur leur droite mentionnent systématiquement qu’ils vont relancer le nucléaire. Il y a une surenchère comme s’il fallait donner des gages à la filière. Par ailleurs, répéter “on va faire du nucléaire, parce que c’est décarboné » est un moyen pour certains politiques de faire leur couplet sur le climat, sans parler de tous les autres secteurs qui font que la France, même avec son parc nucléaire surdimensionné, continue à émettre six fois trop de gaz à effet de serre. Ne pas parler de réduction des consommations, ne pas parler des transports, ne pas parler de modèle agricole et d’alimentation, ne pas parler de surconsommation : cette technologie « magique » est pour eux un moyen d’esquiver. Par ailleurs, le nucléaire véhicule tout un imaginaire, en tout cas chez ses défenseurs du nucléaire, où il est synonyme de puissance, d’une technologie « de pointe », qui serait fiable, sans compter le lien avec la bombe qui nous permettrait soi-disant d’avoir notre indépendance. En fait, ce sont là des éléments qui dans un monde incertain, sont susceptibles de rassurer certaines catégories de populations sensibles aux arguments de l’insécurité, de la « grandeur » de la France… C’est pour ça que je trouve qu’il joue un rôle de marqueur politique de droite et que cette surenchère pro-nucléaire répond aussi à la droitisation du débat politique.
Comment profiter du débat pour imposer nos arguments ? Ce ne sera pas simple car parmi la pléthore de candidat.es potentiel.les seul deux, trois avec Philippe Poutou s’il est candidat, sont contre le nucléaire. Zemmour est pour, Le Pen est pour, Bertrand est pour, il est même pour subventionner les associations anti-éoliennes, Macron est pour. Cela introduit un certain déséquilibre.
Se pose surtout la question de la possibilité de faire exister intelligemment ce débat, parce que l’élection présidentielle est souvent un moment de cristallisation des débats avec des positions très clivées, pas fines, peu de décryptage, beaucoup de provocation et de caricature. C’est déjà le cas sur des sujets comme l’insécurité, l’immigration. Et le débat sur le nucléaire risque de tomber dans la même simplification qui empêche de vraiment creuser le sujet. “Le nucléaire est propre puisqu’il n’émet pas de CO2,”, on peut le dire en une phrase ; mais répondre “Certes le nucléaire émet peu de CO2 mais par contre il produit des déchets et la construction des réacteurs est trop lente pour qu’il constitue une réponse adaptée à l’urgence climatique”, c’est une argumentation qui demande plus de temps à dérouler é et ce n’est pas évident. C’est très facile de lancer une idée reçue lapidaire, mais ça l’est beaucoup moins de la démonter, et de la démonter d’une façon audible dans l’espace public.
Interview réalisée par Lena Besson, Chloé Laurent, Matthieu Tullet et Naïma Wehliye-Cismaan (promo 2021-2022), à Créteil, le 18 octobre 2021
[1] Site internet d’Isotope energy, https://www.isotope.energy/ [consulté le 7/10/2021]
[2] À ce sujet, voir notamment « L’uranium de la Françafrique. Voyage au pays des dunes et des becquerels », Z : Revue itinérante d’enquête et de critique sociale, 2020/1 (N° 13), p. 188-195 ; Bonneau Pierre, d’Allens Gaspard, Guillard Cécile, Cent mille ans. Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires, Paris, Le Seuil, 2020, Topçu Sezin, La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée, Le Seuil, Paris, 2013
[3] Gatinois Claire, « A six mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron assume de plus en plus une position pro-nucléaire », Lemonde.fr, 7 octobre 2021.
[4] Comby Jean-Baptiste, « La contribution de l’Etat à la définition dominante du problème climatique », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2009/1 (Volume 2009), p. 17-29.
[5]Gamson William A., Modigliani Andre “Media Discourse and Public Opinion on Nuclear Power: A Constructionist Approach”, American Journal of Sociology, The University of Chicago Press, 1989, pp. 1-37 https://www.jstor.org/stable/2780405
[6] Brouard Sylvain, Gougou Florent, Guinaudeau Isabelle, Persico Simon, “Un effet de campagne. Le déclin de l’opposition des Français au nucléaire en 2011-2012”, Revue française de science politique, 2013, pp. 1051- 1079
[7] Cihan Aykut Stefan, Comby Jean-Baptiste, Guillemot Hélène, “Climate change controversies in French Mass Media 1990-2010”, 2012, p 157-174
[8] Comby Jean-Baptiste, “Quand l’environnement devient « médiatique », Conditions et effets de l’institutionnalisation d’une spécialité journalistique”, Réseaux, 2009/5-6 (n° 157-158), pages 157 à 190 – https://www-cairn-info.ezproxy.u-pec.fr/revue-reseaux-2009-5-page-157.htm#s2n2
[9] Neveu Erik, “Problème public”, Publictionnaire, Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, 2021.
[10] Meyer Teva, « Nucléaire et question climatique : construction et conséquences d’un discours géopolitique en France et en Suède », Hérodote, 2017/2 (N° 165), p. 67-90. DOI : 10.3917/her.165.0067. https://www.cairn.info/revue-herodote-2017-2-page-67.htm
[11] Derville Gregory, « Le combat singulier Greenpeace-SIRPA. La compétition pour l’accès aux médias lors de la reprise des essais nucléaires français », Revue française de science politique , 47/5, 1997, p. 589-629 Greenpeace « Le nucléaire est-il une solution pour le climat ?”, , https://www.greenpeace.fr/nucleaire-solution-climat/
[12] Site du Réseau Sortir du nucléaire, https://www.sortirdunucleaire.org
[13] « Tribune : Le mouvement antinucléaire est trop vieux, il doit se réinventer », Reporterre, 2017 https://reporterre.net/Le-mouvement-antinucleaire-est-trop-vieux-il-doit-se-reinventer
[14] C’est un reproche déjà adressé à la fin des années 1990 à l’ONG Greenpeace, qui avait placé la communication marketing au centre de sa stratégie. Comme le reste du mouvement, « l’ONG tend à délivrer un message où la dimension polémique est effacée », se limitant donc à des actions de communication, notamment pour assurer son financement. A ce sujet voir Dacheux Éric, « Greenpeace : entre médias, espace public et marché, quelle logique communicationnelle ? », Hermès, La Revue, 1997/1 (n° 21), p. 191-201.
[15] Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C, 2018, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/IPCC-Special-Report-1.5-SPM_fr.pdf
[17] Meyer Teva, « Nucléaire et question climatique » op. cit ;
[18] Site du Sortir du nucléaire,
[19] Nombre d’abonnés sur Twitter et Facebook le 26 septembre 2021.
[20] “Comment le nucléaire gagne la bataille des réseaux sociaux”, Reporterre, 9 avril 2021, https://reporterre.net/Comment-le-nucleaire-gagne-la-bataille-des-reseaux-sociaux
[21] « Vidéo : pour ou contre l’énergie nucléaire ? », Konbini News, juin 2021 – https://news.konbini.com/societe/video-pour-ou-contre-lenergie-nucleaire
[22]“Au niveau de l’affichage, cet outil réalise une mise à l’échelle pour faciliter l’interprétation des résultats avec des valeurs calibrées entre 0 et 100. La valeur 100 correspondant au record de trafic journalier pour une requête.” https://www.anthedesign.fr/referencement/google-trends/
[23] « Nos porte-paroles à la Commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires », Sortir du Nucléaire, 20 février 2018 https://www.sortirdunucleaire.org/Nos-porte-paroles-a-la-Commission-d-enquete-sur
[24] Données recueillies sur Factiva. Mention du mot clé “réseau Sortir du Nucléaire” sur la période du 1er janvier 1997 au 28 septembre 2021, dans la presse généraliste nationale française. Résultat : 658 articles, distribués par année sur le graphique.