Dans le cadre de notre projet tutoré, un exercice pratique professionnalisant intégré au cursus du Master 1 Communication Politique et Publique en France et en Europe de l’UPEC, nous avons travaillé́ pendant un mois en coordination avec l’équipe de communication de l’association Sidaction. Cette association française de lutte contre le VIH/sida, créée en 1994, est reconnue d’utilité publique. Elle est principalement financée par l’événement de collecte annuel, le Sidaction.
Les connaissances relatives au VIH/sida chez les jeunes de 15 à 24 ans s’amenuisent[1]. Depuis 2009, Sidaction lutte contre ce manque d’information en organisant le Concours [REC]. Ce dernier invite les jeunes de 15 à 25 ans à concevoir des vidéos sur le thème du VIH/sida.
« Sang-Sue », de Ryan PREVOST, vidéo lauréate de l’édition 2019/2020 du Concours [REC.], YouTube Veal In the Field Productions
(Vidéo traitant de la séropositivité d’un jeune homme)
Malheureusement, le concours est en perte de vitesse ces dernières années[2]. Sidaction souhaite donc revaloriser ce projet. L’enjeu principal de la mission consiste donc à améliorer les stratégies de sensibilisation des jeunes sur le VIH/sida développées par le Sidaction. Nous avons répondu à cette commande en deux phases :
→ 1ère phase : diagnostic des stratégies de communication développées par Sidaction et des associations de lutte contre le VIH/sida.
→ 2ème phase : propositions et recommandations de stratégies de communication pour relancer le Concours [REC] et réfléchir à de nouvelles approches de sensibilisation.
UNE ANALYSE COMPARATIVE
Nous avons basé notre analyse comparative sur l’étude des stratégies de communication de Sidaction, le Planning familial, AIDES, Act up New York, Act up-Paris, National Aids Trust, COCQ-SIDA et Solidarité Sida.
Nos recherches se sont principalement concentrées sur l’analyse du contexte historique, politique et social de la lutte contre le VIH/sida au sein du milieu associatif, puis des différentes stratégies de communication des associations, notamment à destination des jeunes. Nous avons dégagé une périodisation de la lutte contre le VIH/sida en deux temps forts, avec un moment de bascule à la fin des années 1980. En France, nous datons ce dernier en 1984 avec la création de AIDES qui s’inscrit dans une complémentarité entre le travail des associations et celui du corps médical. Il ne s’agit pas seulement d’une prise en charge médicale du sida, il faut également « prendre en considération les aspects psycho-sociaux de la maladie[3]».
Les associations se préoccupent des « jeunes » mais ils ne constituent pas un axe de communication principal. Malgré cela, nous avons tout de même identifié trois grandes catégories de dispositifs de communication mis en place pour s’adresser plus spécifiquement aux 15-24 ans : les formats vidéo et numérique, les évènements et les dispositifs éducatifs/préventifs. La sensibilisation des jeunes est bien souvent abordée par le prisme de l’éducation et l’information autour de la sexualité, afin de pallier le manque d’éducation sexuelle dans le milieu scolaire. Cette analyse comparative nous permet de constater la difficulté pour les associations de lutte contre le VIH/sida, d’inclure les différentes catégories incarnées par les jeunes de 15 à 24 ans.
QU’EST CE QUE LES « JEUNES » ?
La question de la sensibilisation des 15-24 ans est un sujet complexe tant cette catégorie est hétérogène et large[4]. Nous nous sommes alors demandé qui sont ces « jeunes » que nous devons sensibiliser et comment atteindre cette cible principale. Tout au long de notre projet, cerner cette catégorie fut un enjeu essentiel : comprendre la place qui lui était accordée dans la communication des associations, prendre en compte l’ensembles des jeunes (pas que les étudiants), éviter le syllogisme réducteur selon lequel « les jeunes = les réseaux sociaux » tout au long de notre projet.
PROPOSITIONS DE STRATÉGIES DE COMMUNICATION
Au terme de cette analyse, nous avons développé quatre propositions consistant à utiliser différents canaux de diffusion : Instagram, des influenceurs, la presse et YouTube. Nous détaillons ci-après les deux premières recommandations, en tenant à la disposition des personnes intéressées notre rapport complet qui détaille les deux autres.
L’application Instagram est un des réseaux sociaux le plus utilisé par les 15-24 ans[5]. Ainsi, nous proposons une stratégie de communication pour que le compte Instagram puisse devenir un outil de communication et de sensibilisation de Sidaction. Cette stratégie se décompose en deux axes : utiliser la charte graphique du Sidaction pour développer son identité visuelle et les différents formats proposés par l’application.
Cf. Simulation et exemple détaillé des visuels Instagram développés.
(A gauche : simulation de l’intégration des visuels développés au compte Instagram de Sidaction ; À droite : détail de la proposition de visuel “5 idées reçues sur le VIH”)
La première fois que nous avons évoqué l’idée de développer une stratégie de communication avec des influenceurs, auprès de nos commanditaires, nous avons senti une forme de réticence causée par une première expérience peu concluante. Le risque de perte de contrôle du discours de l’influenceur et la difficulté à trouver des personnes en adéquation avec les valeurs de Sidaction nous ont mené à proposer un book regroupant Nota Bene, DirtyBiology, Manon Bril, Ponce et Camille Aumont Carnel.
Le travail sur ce projet était l’occasion pour nous d’approfondir nos compétences en communication numérique à travers une mise en situation pratique. Cette expérience nous a permis de mettre à l’épreuve d’un terrain professionnel les connaissances que nous avons accumulées durant l’année. Il était également très enrichissant pour nous de se pencher sur des problématiques de prévention et de sensibilisation auxquelles nous sommes sensibles. Ce travail a des répercussions concrètes : les visuels Instagram que nous avons proposés seront mis en ligne à l’été 2021 sur le compte de Sidaction, marquant l’aboutissement de ce travail.
Souleymane BALDE, Lucien BETHUNE–MONCOURTOIS, Kristian DANEVSKI, Alma DAUPHIN, Sara DURAND (promotion M1, 2020-2021)
[1] En 2021, 33% des jeunes se sentent mal informés sur ce sujet, contre 26% en 2020, Sondage IFOP, « Les jeunes, l’information et la prévention du sida », commandé par Sidaction, publié le 22 mars 2021.
[2] Analyse fondée sur la qualité et le nombre de vidéos soumises.
[3] ROSMAN Sophia, « Entre engagement militant et efficacité professionnelle : naissance et développement d’une association d’aide aux malades du sida », Sciences sociales et santé. Volume 12, n°2, 1994. pp. 113-139.
[4] Comme le remarque un sociologue, « La jeunesse étant définie comme passage d’une famille d’origine repérable dans l’espace social à une famille conjugale virtuelle, d’une position scolaire connue à une position professionnelle potentielle, les ‘jeunes’ ne sont pas repérables par une ‘condition de classe’, mais par une ‘origine’ et un ‘avenir de classe’.» MAUGER Gérard, « IV. Âges de la vie : le cas de la jeunesse », Âges et générations, Paris: La Découverte, 2015, pp. 73-98
[5] Étude Harris Interactive – internautes français âgés de 15 à 24 ans. Social Life 2019 et Social Life 2020 avec l’EBG