On le pensait fini, presque retiré de la vie politique et pourtant ! Depuis novembre 2012 Philippe de Villiers – tel un phœnix renaissant de ses cendres – fait petit à petit son retour dans les médias locaux et nationaux. Certes, si discrètement que ces interventions passaient presque inaperçues jusqu’à sa chevaleresque intervention au Parlement Européen de Strasbourg face au Président Hollande.
Figure emblématique très controversée, sorte de monument vendéen, Philippe de Villiers est omniprésent dans le département de la Vendée (85) : Fondateur de la radio Alouette, du parc à thème le Puy du Fou, de la mythique course du Vendée Globe et surtout, entre autres mandats, ancien Président du Conseil Général de la Vendée. Collectivité qu’il a présidé d’une main de maître d’octobre 1988 jusqu’à sa démission, pour raison de santé, en octobre 2010. Il est connu parmi les élus pour ses colères et sa fermeté et gare à ceux qui oseraient lui tenir tête. Et pourtant, malgré les articles de presse le disant affaibli par un cancer et surtout par un scandale familial, sa démission avait créé la surprise. Pour les Vendéens, Philippe de Villiers faisait partie intégrante du paysage politique local et personne ne l’imaginait quitter un poste qui lui permettait d’une part d’assouvir son désir de faire briller la Vendée et d’autre part de garder une mainmise politique sur le département.
Pourtant même deux ans après sa démission, de Villiers n’est pas seul, il a encore des fidèles, placés principalement en Vendée mais aussi présents dans toute la France. En effet, les membres de son parti – Mouvement Pour la France – sans faire ni bruit, ni vagues sont présents à l’Assemblée Nationale grâce à Véronique Besse, au Sénat avec le sénateur Philippe Darniche, au Conseil Général de la Vendée, au conseil Régional des Pays de la Loire ou au conseil Régional de Rhône-Alpes, entres autres, et même au Parlement Européen grâce à son chef de file Philippe de Villiers en personne. On note cependant que de Villiers est un eurosceptique notoire. Pour lui, il faut changer l’Europe qu’il juge omnipotente. « oui à l’Europe, non à Bruxelles » tel est le slogan de campagne qui le fera élire député européen en 2004.
Octobre 2012, insidieusement, endossant le costume d’écrivain-historien M. de Villiers revient sur le devant de la scène. Grâce à son livre sur l’histoire de Charette, il aura l’opportunité d’entamer une tournée de dédicace à travers la France et la Vendée. Il révélait à ce sujet à la presse locale que les Vendéens se sont « pressés lors des dédicaces ». Ce roman, salué par la critique, est pour lui l’occasion de faire la lumière sur un épisode tragique de l’histoire de la Vendée et sur Charrette, figure de la résistance à la tête de l’Armée catholique et royale du Bas-Poitou et du Pays de Retz en 1793. La Vendée et certains de ses habitants, sont encore aujourd’hui marqués par cette rébellion qui commença en 1789 pour ensuite prendre la forme d’une Contre-Révolution défendant l’Eglise et le Roi. C’est cette Histoire qui pourrait expliquer que le département et certains vendéens comme Philippe de Villiers, restent très catholiques et conservateurs. Et c’est aussi pour cela que la droite vendéenne Villiériste s’appuyant sur l’Histoire joue beaucoup de cette image de Vendée historiquement résistante, et révolutionnaire afin de créer ou renforcer un sentiment d’appartenance à un territoire qui, selon elle, sort de l’ordinaire. Car s’il est une chose qu’on ne peut enlever à Philippe De Villiers c’est qu’il a toujours œuvré pour que l’histoire de la Vendée soit connue de tous. Il a toujours agit, en faveur de son développement culturel et de son rayonnement national, n’hésitant pas à engager des dépenses bien trop faramineuses : Musées, salons du livre, autoroutes, il a tout fait pour désenclaver, faire connaître et rendre attractif ce département rural.
Depuis lors, il multiplie les interventions dans les médias.
Le 21 décembre, il utilisait la carte de l’amitié pour défendre « son ami » Gérard Depardieu alors en pleine tourmente médiatique. Ami, dit-il « de longue date ». Ami, surtout depuis qu’il a prêté gracieusement sa voix à la Cinéscénie, spectacle phare du Puy du Fou, pourraient dire les mauvaises langues.
De Villiers ne se satisfait pas de l’actualité locale. Très vite, il ne peut s’empêcher de revêtir ses vieux habits d’homme politique et de commenter l’actualité nationale. Ainsi le 13 janvier, suite à la manifestation contre le mariage pour tous, il déclare dans la presse locale être « venu au milieu du peuple de France qui s’est rassemblé en masse pour dire non… ».
Le 1 février il s’immisce dans le débat sur le futur aéroport de Notre Dame des landes. A ce sujet il écrit une longue lettre aux élus Ligériens proposant « une stratégie forte » à savoir dire « Non à Notre-Dame-des-Landes sauf si… ». Ce que revendique ici Philippe de Villiers c’est la nécessité, selon lui, de construire simultanément à l’aéroport un second pont sur la Loire afin de désengorger le trafic sur le Pont de Cheviré. Mais son but, à peine sous-jacent, est que le parc du Puy du Fou reste accessible rapidement depuis un aéroport nantais. « Aujourd’hui, plus de 10 % de nos visiteurs sont des Européens qui arrivent par avion à Nantes Atlantique… En moins d’une heure, ils sont au Puy du Fou… Si on transfère l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il faudra plus de deux heures pour y accéder… » déclarait-il dans Ouest France. En tant qu’opposant au gouvernement il ne peut clairement dire oui à ce projet. Mais en fin gestionnaire il a vite compris le potentiel et les profits qu’il pourrait tirer de ce futur aéroport si ses revendications étaient prises en compte, d’où cette intervention dans un débat déjà très houleux.
Dernièrement, le 5 février il interpellait avec véhémence François Hollande lors de sa visite au Parlement Européen de Strasbourg. C’est d’un ton confiant et fier qu’il commençait son discours en demandant à son auditoire de bien vouloir « laisser s’exprimer la minorité », c’est-à-dire lui au nom de son parti, « qui, peut-être, représente, sans doute, représentera demain, si ce n’est pas le cas aujourd’hui, l’immense majorité des peuples à l’extérieur de cette enceinte. ». Dans ce discours il a exprimé son envie de protectionnisme et de souverainisme en dénonçant un « rêve européen » conçu par « des élites post-nationales » et tramé dans « un tissus de mensonges ». « Schengen », « l’Euro », « l’oligarchie Bruxelloise », seraient selon lui responsables de l‘austérité et de l’appauvrissement des peuples européens. Après avoir demandé l’organisation d’un référendum « pour que les peuples puissent exprimer leurs aspirations profondes », il concluait son intervention par une mise en garde au Président Hollande sur qui le « Mur de Maastricht » pourrait s’effondrer. Comptant parmi les députés européens les moins présents au Parlement de Strasbourg, M. de Villiers semblait, ce jour-là en avoir subitement retrouvé le chemin. Cela était-il dû à une forte envie d’interagir avec le Président Hollande ou voulait-il simplement profiter de la présence des caméras pour que les Français n’oublient pas qu’il est toujours politiquement actif ?
Ses interventions intempestives de plus en plus fréquentes laisseraient-elles augurer un retour imminent et par la grande porte sur le devant de la scène politique ? M. de Villiers commencerait-il à se positionner localement et nationalement dans la grande course qui s’annonce pour les municipales 2014 ? Aurait-il pour objectif lointain de reprendre le Conseil Général de la Vendée à Bruno Retailleau ? Ou souhaite-t-il simplement rappeler qu’il est encore leader d’un parti politique d’opposition qui ne veut pas tomber dans l’oubli ? Seul l’avenir nous le dira…