Dans les jours qui ont suivi la diffusion par Canal+ dans les Guignols de l’info du sketch sur Nadal et le dopage, mieux valait ne pas s’afficher français dans les rues de Madrid. Vous l’aurez compris, de ce côté-ci des Pyrénées, on considère que la blague est allée trop loin. Plus qu’une accusation envers Nadal, c’est, selon la plupart des espagnols, une accusation envers l’ensemble des sportifs espagnols qu’ont lancé là les auteurs des chroniques des Guignols.
Les chaînes d’informations passent en boucle les images de Nadal en conférence de presse, protestant fortement face à ces accusations. De même, sur un plateau télévisé, un journaliste espagnol s’énerve contre un collègue français, qu’il assimile aux chroniqueurs des Guignols et donc à l’ensemble des journalistes français.
La meilleure riposte reste celle de l’équipe de football FC Séville qui, n’ayant pas de sponsor sur ses maillots, y a simplement inscrit « Liberté, Egalité, Superioridad ». Une bonne façon de faire comprendre aux français que c’est toute la communauté sportive qui s’est sentie visée par ce message et que c’est tous ensemble qu’ils y riposteront.
Même les français s’y mettent, chacun prend son parti, Alain Afflelou, actionnaire principal de la marque d’optique Afflelou SA et fanatique de sport, a pris le sien en annonçant qu’il refuserait désormais tout achat d’espace publicitaire à la chaîne Canal+. Le PDG souhaite par ce geste dénoncer le manque de respect dont à fait preuve la chaîne envers des sportifs si reconnus.
Ici, lorsqu’on en discute avec de jeunes espagnols de notre âge, aucun d’entre eux ne comprend l’humour français, ni même où est l’humour dans ce sketch. Tous n’y voient là qu’une accusation généralisée et non justifiée à tous les sportifs espagnols. C’est que, dans un pays où l’nformation sportive occupe une grande place dans tous les JT des chaînes nationales, on ne rigole pas avec le sport… Les médias n’hésitent pourtant pas à plaisanter régulièrement sur d’autres sujets tout aussi respectés. Rappelez-vous, en 2007, la revue El Jueves avait publié une caricature très provocatrice des princes d’Asturies en pleine relation sexuelle. La publication avait été saisie par le juge Del Olmo créant un gigantesque scandale en Espagne. Les médias ainsi qu’une grande part de la population s’étaient indignés du refus de cette Une par l’Etat, jugeant leur liberté d’expression empiétée…
Il faut croire que lorsque que cela touche le sport, c’est une autre histoire.
Adélaïde Pichon, correspondante Erasmus à l’Université Madrid Complutense