Ou la co-dépendance Merkel-Sarkozy en termes de communication politique
Lundi 6 février, la chancelière allemande Angela Merkel se rend à l’Elysée pour une conférence de presse, afin d’apporter son soutien à Nicolas Sarkozy. Les deux chefs d’Etat affichent leur unité en temps de crise et de campagne présidentielle. Que veulent-ils signifier ainsi ? « Nous sommes inséparables », ou « Ne nous séparez pas chers électeurs » ? C’est vrai, les deux pays apparaissent comme les fers de lance de l’Union européenne, on le voit dernièrement lors du « sauvetage » de la Grèce. Mais l’Allemagne, en tant que bon élève de l’Union européenne, n’est pas de tout bien vue en France. Alors que l’Allemagne a des partenaires commerciaux beaucoup plus importants que la France. D’où vient alors cette harmonie merkozy’esque?
Durant la campagne électorale, l’économie française perd son AAA, François Hollande dépasse Sarkozy selon les sondages, celui-ci doit agir. Avec son expérience sur la scène internationale, il joue sa dernière carte. Avec le soutien de Merkel il s’impose comme un partenaire prisé et irremplaçable. Mais, comme on le sait, les effets de la communication politique ne peuvent pas être calculés et l’image qu’un homme politique cherche à imposer ne correspond pas forcément à l’image que perçoit le public. Et la presse allemande raille les références systématiques de Nicolas Sarkozy à l’Allemagne et à ses succès.
Le président français peut aussi aider Angela Merkel que certains articles de la presse française considèrent comme sa nouvelle attachée de presse. Angela Merkel a aussi besoin du pilier français. Depuis le début de son deuxième mandat, la politique étrangère est une débâcle totale. Le coupable désigné est Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères. Ce dernier a fait perdre les élections pour son parti libéral (FDP), ils sont passés depuis les dernières élections nationales en 2009 de 14,6% à 3% selon les derniers sondages. Il s’est rendu plusieurs fois ridicule durant son mandat : connaissances limitées en langues étrangères, échange musclé avec les Journalistes de la BBC et querelles au sein même du gouvernement. Alors, c’est à Merkel de reprendre la main sur le Ministre. Et peu à peu la présence de ce dernier sur la scène internationale et dans la presse nationale allemande s’estompe. En même temps Merkel assume un rôle d’acteur à l’international, rôle qui est très populaire en Allemagne.
Par ailleurs, la chancelière, désignée femme la plus puissante du monde par le magasine Forbes, a besoin du soutien de Sarkozy pour masquer ses problèmes au sein du parti chrétien-démocrate (CDU). Les décisions de Merkel sont pragmatiques, ses réactions sont en fonction des événements, loin de l’idéologie du parti, et même parfois contraires à son parti. La sortie du nucléaire en est un exemple. Le CDU s’exprimé traditionnellement en faveur du nucléaire. Dernièrement en 2009 avec des reformes, qui allongent la durée d’exploitation des centrales nucléaires. Cela était une décision contrairement au sorti du nucléaire, qui était prévu par les socialistes. Mais avec la pression croissante des activistes écologistes anti-nucléaires après les évènements de Fukushima, Merkel cède et cherche le consensus au lieu de rester fidèle aux idées du parti. Par conséquent, c’est aussi utile pour elle de se montrer solidaire avec le président français. Avec ces complaisances pour ses chers amis internationaux, elle s’assure l’accord des allemands. Plus de 85% des Allemands s’expriment en faveur du rôle de la chancelière à l’étranger.
Miriam Gruber