Le parlement Européen et ses élections : une démocratie représentative ?

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Le mercredi 9 novembre a eu lieu au Bureau d’information du Parlement européen une conférence de Donatella M. Viola venue présenter son récent ouvrage sur les élections européennes. Dans un contexte de montée des populismes et du récent Brexit, l’Union européenne se voit remise en cause, alors même qu’elle a contribué à forger la paix et la coopération entre les Etats sur le continent.
Le Routledge Handbook of European Elections que l’auteur aimerait voir devenir livre de référence sur les élections européennes, rappelle tout d’abord les principes de paix et de solidarité qui ont guidés les pères fondateurs, dans le contexte tragique d’après-guerre vécu en Europe. Le livre souligne ensuite l’importance du Parlement européen et de ses élections, le système électoral étant en effet un facteur clé de la démocratie représentative. Sur le plan constitutionnel, il n’y a pas de gouvernement européen que les élections pourraient ou non valider ou censurer. Pour autant, D.M. Viola rappelle que le traité de Lisbonne conduit à désigner le Président de la Commission européenne dans le parti majoritaire aux élections européennes. En 2014, pour la première fois, ce sont en effet les partis européens représentés au Parlement qui proposent le nom du possible Président. Pour se constituer, ces groupes (au nombre de neuf aujourd’hui) doivent comporter au minimum 25 personnes, venant a minima d’un quart des pays représentés au Parlement.
Le livre est structuré en trois parties, afin de présenter toute les strates du système électoral européen. La première concerne le cadre général empirique et théorique de la démocratie européenne : genèse du Parlement qui, d’assemblée consultative avec membres désignés, est devenue une assemblée élue avec un réel pouvoir législatif, composition et organisation interne du Parlement et des groupes politiques. Cette première partie propose des cadres d’explication des choix électoraux ou d’abstention des votants : la plupart voit les élections européennes comme des élections de second ordre. Il y a un manque de mobilisation des électeurs, de connaissance vis-à-vis du choix du président de la Commission européenne et un manque d’information : les électeurs ne savent pas que le Parlement européen a un réel impact sur leur vie. De plus, il y aurait une sorte de vote sanction des votants à l’encontre de leurs gouvernants nationaux.
La deuxième partie fait une analyse chapitre par chapitre des 28 pays membres de l’Union Européenne présentés par ordre d’adhésion. Chaque chapitre donne un bref profil géopolitique de l’État, son contexte historique ainsi qu’un coup d’œil sur le paysage politique national et les principaux partis et leurs attitudes vis-à-vis de l’Union Européenne. De plus, on trouve les tendances de l’opinion publique au sein du pays et un résumé du système électoral ainsi qu’un aperçu des consultations électorales européenne et législative nationale. Enfin, l’auteur analyse et interprète les résultats des élections européennes de 2009. Une partie riche en information, qui permet d’avoir un large aperçu des tendances politiques et électorales dans chaque pays.
Enfin, la dernière partie du livre fait une analyse comparative des élections européennes et épilogue sur les tendances électorales et d’opinion publique anciennes et nouvelles que l’auteur a relevé. Si traditionnellement les élections européennes se caractérisent par une forte abstention, une montée de l’euroscepticisme et une représentation politique très majoritairement masculine, une nouvelle vision émerge, grâce au rôle nouveau des partis politiques européens au sein du Parlement qui rendent la politique européenne plus dynamique, notamment grâce à l’implication des groupes parlementaires dans le choix du Président de la commission.
Cet ouvrage est donc un condensé de démocratie européenne, où l’analyse du Parlement mais aussi des tendances et systèmes électoraux dans chaque pays donne une vision large et complète de ce qu’est le suffrage européen aujourd’hui, et plus généralement de ce qu’est l’idéal européen. Cette idée de rassembler les peuples dans la paix se retrouve dans la couverture du livre où on peut voir une reproduction du tableau de Pieter Brueghel de 1763. Ce tableau représente un épisode biblique durant lequel les hommes décident après le déluge de construire la ville de Babylone sur la plaine du Shinar et d’y ériger une tour qui touchera les cieux. Les hommes, selon le mythe, parlaient tous la même langue à cette époque, et Dieu, pour les punir de leur arrogance, les condamna à ne plus se comprendre, à ne plus parler une seule langue universelle. Cette punition fut une malédiction car elle entraînera des difficultés à communiquer, des malentendus et un manque de respect mutuel ou encore une véritable méfiance envers l’autre qui est vu comme potentiel ennemi. Une malédiction donc, mais aussi une bénédiction car ce multilinguisme est une richesse dans l’originalité de son multiculturalisme. Les hommes forment une communauté unique dans sa diversité, ce qui correspond aussi aux valeurs de l’Europe du 21ème siècle. L’image de la tour reflète la construction européenne avec ses succès et ses échecs mais est aussi une mise en parallèle avec le bâtiment du Parlement de Strasbourg inauguré en 1999. La structure, délibérément inachevée comme la tour de Babel, incline à gauche. Elle fut réalisée dans les année 90 et l’ouverture vers les pays de l’Est est représentée dans cette inclinaison vers la gauche, donc vers l’Est. Les liens entre la tour de Babel et le Parlement européen sont donc multiples, d’autant que ce dernier a contribué à maintenir les langues des pays membres. Afin de garantir la même dignité à toutes les idiomes au niveau des institution européennes, chacun peut s’exprimer dans sa langue maternelle. Il y a donc 25 langues au Parlement :« plusieurs langues pour une seule voix ».
Le Parlement Européen est donc une institution démocratique, ouverte à la diversité mais malheureusement encore trop méconnue du grand public. En France, c’est le Bureau d’information du Parlement Européen (BIPE) qui est chargé de communiquer sur ce dernier. En effet, les positionnements du Parlement peuvent différer de ceux de la Commission Européenne et le BIPE assure une visibilité des parlementaires européens sur leurs dossiers législatifs. Ils font connaître le travail des élus auprès des journalistes, dont les rédactions sont plus souvent centrées sur la politique française. Communiquer aux professionnels donc, mais aussi aux citoyens, afin de propager les valeurs européennes de multilinguisme, de tolérance et de solidarité. Ces idéaux doivent être transmis à la jeunesse, une des cibles principales du BIPE via de multiples programmes d’échange et de coopération. Ainsi, il crée toujours plus de liens entre les jeunes citoyens européens, future relève des défenseurs de l’idéal européen. En somme ce que nous, étudiants en Master de Communication politique et publique européenne, nous efforcerons de faire je l’espère dans un futur proche.

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