Retour sur la #Conf421 du 16 Avril 2015

Le jeudi 16 avril 2015 s’est tenue, au bureau d’information pour la France du parlement européen, la conférence organisée par les étudiants du master 1 de communication politique et publique en France et en Europe de l’UPEC. Il s’agissait de s’interroger sur les défis communicationnels que pose l’interculturalité en Europe. Ils ont pu compter sur la participation de plusieurs intervenants, enseignants-chercheurs, acteurs du monde politique européen, journalistes et professionnels de la communication européenne, venus alimenter une réflexion des plus actuelles.
La conférence s’est déroulée de 14h à 18h selon le plan prédéfinis par les étudiants du master. La première partie portait sur les enjeux de l’interculturalité pour l’Europe tandis que la deuxième permettait une réflexion sur la communication de l’Union Européenne vis-à-vis de ses différents publics.

conf421
Les étudiants du Master ont présenté les axes problématiques retenus.

En évoquant la problématique définie par les étudiants du master 1 : « La communication peut-elle créer une identité européenne face aux défis de l’interculturalité ?» Mme Caroline-Ollivier Yaniv, directrice du master, a défendu l’idée qu’il fallait moins chercher à créer une identité européenne que permettre le rassemblement autour de valeurs communes, notamment celles qui ont fondés l’Europe. Le véritable défi consisterait alors à concevoir et à définir ce qui rassemble les Européens plutôt que ce qui les sépare.   C’est donc la piste des valeurs partagées, plutôt que celle de l’identité qui est alors à privilégier, notamment dans une période politique où l’Europe est caractérisée par la montée des extrémismes et de partis qui ne reconnaissent pas l’une des valeurs fondatrices de l’Europe, symbolisée dans sa devise : « Unis dans la diversité ».
Suite à son intervention, les étudiants ont donné quelques éléments de contexte afin de mieux envisager les enjeux et donner les principaux axes de la discussion. Ils ont ainsi mis en avant l’une des principales difficultés de l’institution européenne qui doit valoriser l’Europe et sa diversité quand cette même diversité impose une communication unique. L’Europe doit également faire face à des citoyens qui refusent l’institution et qui préfèrent la nation à l’Europe. Dès lors, quel type de communication peut permettre de renforcer l’européanité ?  
Après cette courte présentation de la conférence par les étudiants du master, Anne-Marie Autissier, maître de conférence en sociologie de la culture à l’institut d’Etudes Européennes de l’Université de Paris VII, éditrice de la revue « Culture Europe International et directrice de l’Institut d’Etudes Européennes » a rappelé que la dimension interculturelle était constitutive de l’Europe. Pourtant, jamais cette question n’avait été aussi mobilisée dans le débat public. L’une des hypothèses développée par Anne-Marie Autissier est la dépossession du monde, le sentiment d’incertitude, la mise en compétition de tous les territoires entre eux et la prise de décision s’effectuant sur des territoires lointains.
Les Etats ne peuvent plus totalement garantir la prise de décisions, les grandes entreprises internationales interviennent désormais de manière de plus en plus fréquente dans ces dernières. C’est donc ce contexte qui, selon Anne-Marie Autissier, favoriserait les extrémismes en plaçant l’identité au cœur du débat public. Il faudrait alors mieux parler de valeurs qui nous rassemblent. L’inter-culturalité est alors prise comme volonté de créer des cadres d’échanges et de communication. Néanmoins, la chercheuse mettra en avant deux modèles de politiques de diversité, celui du Royaume-Uni et celui de Suède, qui ont tous deux échoué en de nombreux points.
Dès lors, faire l’Europe ensemble demande selon la chercheuse, d’accepter une citoyenneté de passage, c’est-à-dire une citoyenneté qui ne soit plus uniquement  basée sur l’appartenance à la nation mais soit davantage liée au lieu d’habitation.
 
Philippe Juvin, Eurodéputé UMP d’Ile-de-France, entouré de Mme Caroline Olivier-Yanniv, directrice du master (à droite) et de Mme Isabelle Coustet représentante du Bureau d’information pour la France du Parlement Européen.
Philippe Juvin, Eurodéputé UMP d’Ile-de-France, entouré de Mme Caroline Olivier-Yanniv, directrice du master (à droite) et de Mme Isabelle Coustet représentante du Bureau d’information pour la France du Parlement Européen.

Philippe Juvin, Eurodéputé UMP d’Ile-de-France, va développer une argumentation en tout point opposée à celle d’Anne-Marie Autissier. En effet, il est clair pour lui, qu’il existe une identité européenne, inscrite très profondément dans l’histoire, mais que cette dernière a été déchirée par les nations. Selon lui, l’Europe est née bien avant le traité de Rome et il est possible de retracer ce continuum historique qui a permis la création de cette dernière.  Il existe dès lors, une identité européenne qui est inscrite très profondément dans l’histoire mais cette dernière aurait été déchirée par les nations. Ainsi, pour l’eurodéputé, la quête d’identité d’un peuple n’empêche en rien son ouverture aux autres. Il prend l’exemple de la France qui est le pays qui a le plus développé le concept d’identité nationale, en contraignant même les cultures locales, ce qui n’a pas l’a pas empêché d’être, pendant tous le XXe siècle, la première terre d’immigration d’Europe.  Pour lui, la nation Europe est possible, en se basant sur la définition qu’en fait Renan, basée sur deux principes : une histoire commune et un principe commun : la volonté qu’ont les gens de vivre ensemble.
Après la séance de questions-réponses et la pause café de 16h00, deux autres intervenants ont pris la parole sur le thème de la communication en Europe et l’interculturalité.
C’est tout d’abord François Vlaminck, attaché de presse de la Représentation de la Commission Européenne en France, qui est intervenu en présentant la stratégie de la Commission européenne sur les réseaux sociaux. Cette dernière présente quatre objectifs : informer, écouter, répondre et construire un réseau. Ainsi, la communication est construite à la fois en fonction des pays et des langues nationales mais aussi en fonction des débats nationaux et de la veille mise en place dans les différents pays. L’utilisation des réseaux sociaux  par les institutions européennes vise aussi à toucher des publics différents comme des syndicats ou des entreprises et à créer d’autres synergies afin d’attirer de nouveaux publics.
Une telle communication vise notamment à d’humaniser les profils politiques notamment avec l’utilisation de réseaux sociaux comme Instagram. Ainsi, chaque réseau social à ses cibles et ses objectifs et il en va de même pour l’ensemble de la communication de la Commission. Cette communication basée sur la segmentation a été illustrée par deux vidéos, diffusant un même message sous deux angles, en tout point différent.
A gauche, Fabrice Pozzoli-Montenay, journaliste européen et vice-président de l’Association des journalistes Européens en France et à droite, François Vlaminck, attaché de presse de la Représentation de la Commission Européenne en France.
A gauche, Fabrice Pozzoli-Montenay, journaliste européen et vice-président de l’Association des journalistes Européens en France et à droite, François Vlaminck, attaché de presse de la Représentation de la Commission Européenne en France.

L’intervention de Fabrice Pozzoli-Montenay, journaliste européen et vice-président de l’Association des Journalistes Européens en France, a beaucoup contrasté avec les propos de Monsieur François Vlaminck comme on pouvait s’y attendre. Il a évoqué une Commission européenne de plus en plus réticente à s’adresser aux journalistes et pratiquant de plus en plus la langue de bois. Il serait important selon lui que l’on réfléchisse à l’image que l’Union Européenne projette face à ce qu’elle aimerait projeter. Cette volonté d’utiliser massivement les réseaux sociaux ne doit donc pas permettre un manque de transparence mais au contraire un échange plus important avec les citoyens. Ainsi faudrait-il selon lui,  identifier comment les gens réagissent aux messages et analyser l’habileté de la Commission à y répondre.
Ainsi, la diversité des intervenants aura permis d’aborder la question de la communication vers les différents publics que comptent l’Europe à partir de points de vue divers. Si la communication de l’Union Européenne n’a pas encore permis la création d’une européanité, l’identification des obstacles à une telle quête, bien qu’incomplète,  aura permis le développement d’une réflexion poussée pour les étudiants du Master et les différents participants.
 
 
 

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