Du 30 avril au 4 mai, une délégation de six étudiants du Master de Communication politique et publique de l’UPEC a participé à l’édition 2014 de l’EuroMUN, une conférence reproduisant le mode de fonctionnement des Nations Unies, permettant ainsi de s’exercer à la négociation internationale, en langue anglaise.
Une telle conférence est née en 2008 à l’initiative d’un groupe d’étudiants internationaux de l’Université de Maastricht et s’était alors tenue dans les bâtiments de l’Université. Depuis, EuroMUN s’est regroupé au sein d’une organisation d’étudiants de différents horizons sous le nom « United Nations Student Association Maastricht ». L’événement s’est développé au point de devenir la deuxième plus importante conférence concernant une simulation d’organisations internationales, réunissant cette année près de 600 étudiants d’une cinquantaine de nationalités différentes. Pour répondre à l’augmentation du nombre de participants, la conférence s’est déplacée au centre de congrès de Maastricht (MECC). L’événement est également soutenu par de nombreux partenaires, comme la ville de Maastricht, ainsi que des organisations internationales.
Concrètement, EuroMUN est une simulation de différentes institutions internationales, où sont représentés 13 comités des Nations Unies, de l’OTAN et de l’Union européenne. Dès son inscription, chaque participant doit soumettre un choix de trois comités (par ordre de préférence), il revient ensuite à l’équipe EuroMUN d’organiser la répartition par comité, selon les places disponibles. Chacun est alors invité à se renseigner sur les enjeux diplomatiques qu’exige son poste, ainsi que sur la position à tenir en fonction de son pays ou de sa coloration politique par exemple ; cela se fait par le biais d’un « Position paper » de deux pages, envoyé par mail quelques semaines avant le début de la conférence et validé par les présidents des comités concernés. En cohérence avec le semestre européen que nous achevions, la délégation UPEC a souhaité travailler au sein d’institutions européennes. Et elle a été entendue : cinq d’entre nous ont été assignés au comité du Parlement européen et un à celui du Conseil européen.
Nous vous proposons, dans ce photo-reportage, de vous immerger, de manière aussi proche du réel que possible, au sein de cette simulation de deux organes majeurs de l’Union.
La délégation de l’UPEC
De gauche à droite : Théo Fastéas, Jérémy Herry, Clémence Martin, Zelda Martin, Harmony Pondy Nyaga, Halima Bah dit Balde.
La cérémonie d’ouverture
L’édition 2014 de l’EuroMUN a débuté par une cérémonie d’ouverture ponctuée de plusieurs interventions. La première était celle de Nicholas William, Chef de la section des opérations de l’OTAN en Afghanistan (2007 et 2009). La cérémonie s’est poursuivie par la prise de parole de Tony Agotha, Chef de la division de l’Union européenne au Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas. Enfin, un discours de la présidente de l’organisation est venu clôturer cette cérémonie et déclarer officiellement le lancement de l’EuroMUN 2014 !
Le comité du Conseil européen
Au premier plan se trouvent les présidents de comité et au second, tous les représentants des chefs d’état et de gouvernement de l’Union européenne. Ceux-ci ont travaillé pendant les quatre jours de l’EuroMUN en collaboration avec le comité du Parlement européen. Ces deux comités se sont tour à tour penchés sur la question de la protection des données personnelles et sur la façon d’améliorer l’agence Frontex (agence européenne pour la sécurité et les frontières extérieures de l’Union européenne). Ces thèmes ont été préalablement imposés par l’équipe EuroMUN, celle-ci s’est aussi chargée d’assigner un poste (ici un Etat) à chaque participant au sein de ces comités. Chacun avait alors pu, en amont de la conférence, établir le positionnement à tenir via un Position paper. Jérémy Herry a pris part à ce comité en tant que chef d’Etat de la Slovénie.
Le comité du Parlement européen
Celui-ci était composé de 56 étudiants représentant chacun un député, dont notamment Théo Fatseas, député du Danemark (ECR), Harmony Pondy Nyaga, députée de la Lettonie (Verts/ALE), Zelda Martin, députée de l’Estonie (Verts/ALE), Clémence Martin, députée française (Verts/ALE) et Halima Bah dit Balde, députée de l’Autriche (Verts/ALE). Les groupes politiques, ainsi que les représentations des Etats ont été attribués à la discrétion des organisateurs.
Ci-dessus : la répartition des représentants en groupes politiques au sein du comité du Parlement européen.
Le coordinateur
Afin que les deux comités soient au fait de l’avancée des travaux des deux groupes, un coordinateur est chargé d’informer à la fois le Parlement et le Conseil sur ce qui se passe dans chacun des comités, que cela soit pour les décisions prises, les votes ou les différentes oppositions. En effet, ceci respecte ainsi le principe de codécision institué par le Traité de Lisbonne en 2009 et aujourd’hui en vigueur dans le processus législatif de l’Union européenne.
Le débat : la Speakers’ list
Le débat porte sur les différents points de la législation que les députés souhaitent amender. Leur nombre ne connaît pas de limites. Pour intervenir dans le débat, le représentant doit au préalable être ajouté à la speakers’ list après l’accord des deux présidents du comité. Une fois sur cette liste, le député a la possibilité de proposer une motion pour un caucus (un moment de discussion), soit « modéré », soit « non-modéré ».
Le caucus
Un caucus ne doit pas dépasser 30 minutes si celui-ci est non-modéré, c’est-à-dire que chaque député peut se déplacer et aller débattre avec qui il le souhaite. S’il est modéré, c’est-à-dire que le président donne tour à tour la parole à chaque député qui désire s’exprimer, le caucus ne doit alors pas dépasser 20 minutes. Le représentant décide du thème du caucus sur lequel il souhaite ouvrir le débat, ainsi qu’un temps qu’il jure nécessaire à celui-ci. Cependant, les présidents du comité peuvent mettre leur veto s’ils estiment que la durée d’un caucus est trop importante ou que le thème de celui-ci n’est pas en lien avec le dossier abordé. Le député qui propose la motion décide également du temps de parole de chaque intervenant (généralement entre 30 secondes et 1 minute).
Approbation d’une motion
Suite à la motion proposée, les autres députés vote pour ou contre celle-ci. Si la majorité l’emporte, le caucus est validé et débute. Le président s’assure dès lors du temps de parole de chacun, ainsi que du respect des règles de courtoisie ; cependant il ne prend pas part au débat. Si le sujet ne fait pas l’unanimité et que la motion est rejetée, on passe alors à une autre proposition.
Le caucus non-modéré
Lors des caucus non-modérés, les discussions sont libres. C’est le moment pour les députés de construire leurs arguments au sein de leur groupe parlementaire, afin d’être prêts pour les éventuels débats qui suivront et ainsi convaincre au mieux les autres partis de signer leurs amendements.
Lorsque l’on fait partie d’un groupe parlementaire minoritaire (comme ici les Verts et un député Conservateur et Réformiste Européen), il faut alors trouver des alliés afin de former un groupe assez important pour être sur, d’une part que l’amendement que l’on propose soit soumis au vote – sept alliés sont nécessaires – et d’autre part pour qu’il ait une chance d’obtenir la majorité des suffrages. Sur le dossier Frontex, par exemple, les Verts souhaitaient prioritairement défendre les droits des immigrés. L’accord n’ayant pu être trouvé avec le groupe ECR, les députés Verts ont alors décidé de s’allier avec ceux de la Gauche Unitaire Européenne pour rédiger des amendements – deux sur les trois proposés ont été validés !
Les caucus non-modérés sont donc l’occasion d’aller à la rencontre des autres groupes parlementaires et d’effectuer un véritable travail de lobbying en vue d’avoir la plus grande majorité possible et de s’assurer que son amendement sera approuvé. Il s’agit alors de mettre en application les conseils de notre professeur Alexis Frémeaux et d’adresser « le bon message, à la bonne personne, au bon moment » pour défendre les intérêts de son groupe.
Le caucus modéré
A la différence des caucus non-modérés, les caucus modérés sont encadrés par les présidents du comité. Les personnes souhaitant s’exprimer le font à tour de rôle dans un temps limité qui ne peut pas excéder 1 minute 30. Lors de son intervention, le représentant avance ses arguments devant l’assemblée et exprime le point de vue de son groupe parlementaire sur un sujet particulier. C’est un exercice qui oblige à être concis et persuasif afin d’être un bon représentant de son groupe mais aussi de convaincre les autres députés du bien fondé de nos arguments. Les groupes les plus importants, comme les Socialistes et Démocrates ou le Parti Populaire Européen, ont par exemple la possibilité de monopoliser le débat, en faisant intervenir par exemple plus de membres que les autres.
Le vote final
Pour que l’amendement soit officiellement approuvé, le représentant qui le porte doit avoir sept soutiens officiels par écrit de différents députés. Si c’est le cas, l’amendement est proposé au vote ; celui-ci doit ensuite être approuvé par la majorité.
Adoption définitive par le comité co-décisionnaire
Le texte, enrichi des amendements validés par un comité, est présenté à l’autre (le Parlement ou le Conseil), où il doit également remporter une majorité de voix afin d’être définitivement adopté.
En guise de conclusion, si nous devions ne retenir qu’une seule chose, nous dirions que cette expérience nous fut bénéfique, dans le sens où nous avons pu mettre en pratique les principes théoriques vus pendant notre semestre européen. Nous avons pu constater la complexité du travail de lobbying. Lorsque l’on est dans un groupe minoritaire, il est nécessaire de devoir créer des alliances. En vue de faire passer nos idées, des compromis doivent être réalisés dans la rédaction des amendements, parfois même au mot près.
Crédits photo :
https://www.facebook.com/EuroMUN/photos, https://www.facebook.com/alexandra.vanw/photos, Harmony Pondy Nyaga.