Depuis la déclaration de candidature officielle de Nicolas Sarkozy, le parti présidentiel est entré dans une course effrénée contre la montre afin de rattraper son retard sur la campagne Web de François Hollande. Orchestrées par l’agence Emakina, les initiatives de l’UMP et de son candidat sur le Web se sont ainsi accélérées avec l’ouverture du compte Twitter « personnel » de Nicolas Sarkozy, le lancement d’un nouveau site de campagne et d’un profil Facebook novateur.
Lancé le 10 février, le profil de Nicolas Sarkozy sur Facebook est sans doute l’outil le plus redoutable de cet arsenal numérique de promotion du Président-candidat. En sus de son ancien compte sur le réseau social (qui a été récemment réactivé), le Président a en effet choisi de mettre à profit la nouvelle interface Timeline de Facebook en racontant 30 ans de carrière politique et en se racontant en mots, en images et en sons. Le résultat : un storytelling numérique bien mené et… une polémique.
C’est le PS et notamment Fleur Pellerin, responsable du pôle société et économie numériques pour la campagne de François Hollande, qui les premiers ont dénoncé les facilités dont aurait bénéficié Nicolas Sarkozy pour monter cette Timeline. Dans un mail à un dirigeant de Facebook France et publié par L’Express, Fleur Pellerin écrit que l’implication de Facebook dans la campagne présidentielle est inacceptable et déplore que le service n’ait pas été offert également aux autres candidats.
Il semblerait en effet que Facebook ait fait montre de favoritisme en ne proposant que toute fin 2011 ses services à l’équipe Web du candidat socialiste, alors que certaines des images présentes sur la Timeline de Nicolas Sarkozy remontent à début octobre, ce qui prouve que sa conceptualisation était déjà entamée à cette date.
Même s’il semblerait que le PS a largement fait mousser cette affaire de Timeline, celle-ci n’est en rien à prendre à la légère, le code électoral français interdisant à « une personne morale de droit étranger » d’offrir à un candidat « des contributions ou aides matérielles ».
Une polémique est donc née, qui dénonce au pire « un abus de bien social » au profit de Nicolas Sarkozy, selon les propos du député PS Christian Paul, et « au mieux » des relations tendancieuses entre Facebook (France) et l’Élysée. D’ailleurs, ce ne sont pas les doutes qui manquent. Suite à un blocage de son compte, l’équipe de campagne de Dominique de Villepin n’a pu entamer la construction d’une Timeline pour son candidat que le 11 février, date du lancement de la Timeline de Nicolas Sarkozy. Il apparait également que l’équipe Web de Mélenchon n’ait jamais été contactée par Facebook. On a ainsi pu lire sur le profil Facebook du directeur de la communication du candidat du Front de Gauche, Arnauld Champremier-Trigano : “Je précise à la direction de Facebook que je suis joignable sur mon inbox pour leurs offres de service”.