La thématique du changement, récurrente actuellement dans le discours de Nicolas Sarkozy, n’est pas nouvelle. Elle était déjà récurrente en 2007 pendant la campagne présidentielle. Eric Maigret dans son livre L’hyperprésident nous propose une vision de Nicolas Sarkozy pendant et peu après la campagne de 2007. Nous verrons qu’aujourd’hui il y a un changement (ou pas) de cap dans la communication du candidat Sarkozy qui tente de changer l’image que donne Maigret entre autre, de sa personne.
L’Hyperprésident a été écrit peu après l’élection du nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy (paru le 6 février 2008) et c’est pour cela qu’on peut considérer qu’il s’agit d’une analyse à chaud de la personnalité de Sarkozy avant et après son élection. Pour l’auteur Sarkozy représente une nouvelle figure du pouvoir en ce qu’il bouleverse les traditions de l’exercice de la fonction du président. En effet, par son style « hyperactif », le fait qu’il semble proche des gens, qu’il ne soit ni énarque ni de science po, il rompt avec les idéaux types de la plupart des présidents de la Vème République, sans pour autant être de la classe prolétaire, et d’ailleurs étant très proche des puissants. C’est ce qui amène Maigret à dire que Sarkozy possède de nombreux visages et que chacun peut trouver son compte dans sa personnalité. Il dégage une autre particularité c’est la connivence avec les médias. Avant et après la campagne, Nicolas Sarkozy fait l’objet de toutes les attentions des médias. Il en profite d’ailleurs pour mettre en spectacle sa vie privée et ses vies amoureuses contentant ainsi à la fois les médias mais aussi des électeurs de plus en plus demandeur de politique people. Sarkozy selon Maigret aurait réussi mieux que ses concurrents, car à l’image d’un Mandrake, aurait su « vendre du rêve » aux gens. Cependant Maigret pose des limites à ce type de gouvernance : La vulnérabilité d’un président qui s’expose trop, « le flou » idéologique qu’il appelle « prothèse » non viable selon lui. Enfin l’hyper président serait la première manifestation d’une nouvelle forme d’exercice du pouvoir mais qui serait donc inachevée.
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Le livre tend à montrer le nouveau de type de pouvoir exercé par Nicolas Sarkozy, type d’exercice qui arrive tardivement en France puisque largement pratiqué dans d’autres pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Italie. Il a vocation à analyser d’un point de vue a priori sociologique les mutations de l’espace politique ainsi que de l’espace médiatique qui ne font que répondre à une demande croissante du public d’une politique de plus en plus transparente, jusqu’au point que la vie privée des hommes politiques face l’objet d’un intérêt médiatique. Maigret montre que Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à utiliser ces nouvelles techniques de communication que sont l’exposition de la vie privée, ou l’ambigüité idéologique. En effet les autres principaux candidats qu’étaient Ségolène Royal et François Bayrou ont tous les deux aussi compris que la communication devait changer de forme pour répondre aux attentes des électeurs. L’ouvrage montre bien aussi comment aujourd’hui le contenu du message politique tend de plus en plus à s’amoindrir afin qu’il devienne un acte de vente unique. C’est alors moins pour le message politique que pour un(e) homme/femme que l’on vote, pour une personnalité et un charisme. Ce qui pose un vrai problème puisqu’on peut penser que ce type de choix est plus conditionné par des considérations plus subjectives, basées sur l’affect, qu’objectives, basées sur la raison. Elisons-nous le plus compétent ou le celui qui passe le mieux à la télé ?
L’Hyperprésident de Maigret aujourd’hui
Le Nicolas Sarkozy décrit par Eric Maigret semble avoir aujourd’hui changé de cap en matière de communication car tout est mis en œuvre pour montrer qu’il a « changé ». Contrairement à la période de la campagne présidentielle de 2007 Nicolas Sarkozy expose de moins en moins sa vie privée et fait même semble-t-il preuve d’une certaine pudeur. L’exemple est celui de sa fille Giulia. En effet, de la grossesse de Carla Sarkozy à aujourd’hui, il y a un grand flou autour de la fille du président qui a été récemment présentée à quelques journalistes le 29 janvier 2013, mais dont il n’existe aucune photographie officielle. Selon NKM « Sarkozy n’est plus le même qu’en 2007 » et notamment à l’égard de ses ministres. Eric Maigret s’est-il trompé sur son compte ou ce revers d’image n’est-il que la preuve que Nicolas Sarkozy sait comment et quand manipuler cette image sachant qu’il est une chose de sure c’est que de son propre aveu, il forme avec la presse un « très vieux couple» et que leur relation « ne souffrait pas de «lassitude». Lors de ses vœux à la presse le 31 janvier 2012, Sarkozy a déclaré « j’essaierai de ne pas vous décevoir, j’essaierai de continuer à vous surprendre et peut-être, avec une certaine malice, de déjouer vos commentaires et vos pronostics ».
Manuel Thénard