
Le 8 octobre 2024, Gauthier Auverlot, directeur conseil en communication chez l’agence Proches, a partagé son parcours et sa vision sur l’évolution des médias et des réseaux sociaux numériques dans le cadre du cours «E-réputation et stratégies digitales » dispensé par Yohann Garcia. Ancien de la salle 421 (master en Communication politique et publique de l’Université Paris-Est Créteil), il a débuté sa carrière au ministère de l’Agriculture en tant que rédacteur web, avant de rejoindre le service de presse du cabinet du ministre. Ensuite, il a travaillé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) comme responsable du site et des réseaux sociaux numériques, pour finalement évoluer vers des postes en agence, notamment à la Netscouade et désormais chez Proches.
Évolution des médias et rôle des réseaux sociaux numériques
Gauthier Auverlot a rappelé les trois âges de l’information : la penny press au XIXe siècle, la radio et la télévision au XXe siècle, puis les réseaux sociaux au XXIe siècle. Selon lui, ce dernier modèle, basé sur la publicité ciblée, a contribué à polariser les débats politiques. L’algorithme des réseaux sociaux amplifie cette polarisation, fragmentant les opinions publiques et modifiant l’agenda médiatique. Désormais, les citoyens ne partagent plus seulement des opinions divergentes, mais aussi des versions différentes des faits eux-mêmes, une tendance exacerbée par l’interdépendance des cercles d’opinion et par l’utilisation massive des réseaux sociaux par les journalistes (97 % d’entre eux s’y informent).
La perte de confiance dans les médias traditionnels et le rôle croissant des réseaux sociaux dans la fixation de l’agenda médiatique transforment les dynamiques de pouvoir et de crédibilité. Gauthier Auverlot souligne que la concurrence dans la production de l’information et la nécessité de capter l’attention encouragent les médias à adopter un modèle clivant pour survivre, avec des contenus axés sur l’engagement et la viralité, souvent au détriment de la profondeur du message.
Les réseaux sociaux et l’économie de l’attention
Les plateformes de réseaux sociaux se basent désormais sur un modèle d’économie de l’attention, où la viralité des messages prend souvent le pas sur leur validité. Cette logique contribue à l’émergence de nouveaux leaders d’opinion, tels que des célébrités, des influenceurs ou même des personnalités politiques utilisant des discours simplifiés et percutants pour capter l’attention du public, comme l’a illustré l’exemple de Kamala Harris accordant sa première interview politique à un créateur de contenu sur TikTok. Ce phénomène est également visible en France, où des figures politiques comme Jordan Bardella investissent les réseaux sociaux avec des messages symboliques et viraux, plutôt que de traiter des enjeux de fond.
L’écrivain et essayiste Christian Salmon, auteur de plusieurs ouvrages dont Storytelling, L’Ère du clash et La Tyrannie des bouffons, décrit cette évolution comme un « appauvrissement du récit » : l’absence de récits porteurs laisse place à des « coups d’éclat » constants et à des discours éphémères.
Enjeux professionnels et conseils d’expert
Enfin, Gauthier Auverlot a abordé les spécificités de travailler en agence, insistant sur la polyvalence nécessaire dans une agence comme Proches, où l’on encourage une hybridation des compétences. Cette flexibilité permet aux professionnels de ne pas rester cloisonnés dans une spécialité et de répondre aux divers besoins des clients. Cependant, il distingue ces agences intermédiaires des plus grandes, où les métiers sont davantage spécialisés et où la liberté créative est plus restreinte.
Gauthier Auverlot a terminé son intervention en donnant un conseil essentiel aux jeunes professionnels : travailler en agence peut être un atout majeur pour établir sa crédibilité dans le domaine de la communication, en raison de l’expérience polyvalente qu’elle offre.
Compte-rendu rédigé par Kokou Awokou et Zoriana Haniak (master 2, promo 2025)