Lancement de la campagne des européennes pour l’ALDE

Le vendredi 2 mai dernier, a eu lieu le lancement de la campagne européenne du parti politique libéral et démocrate : l’ALDE. C’est dans la capitale autrichienne que l’ALDE a choisi de commencer son marathon européen. Durant plus de trois semaines, les responsables de ce groupe politique se rendront dans les 28 pays de l’Union européenne pour parler des projets européens de l’ALDE, avant les élections qui se dérouleront du 22 au 26 mai prochain. Quelle est la stratégie de communication politique menée par l’ALDE pour les prochaines élections européennes ?

L’ALDE et NEOS, deux partis complémentaires

C’est au sein de la salle Marx, dans le troisième arrondissement de Vienne, que le premier meeting de la campagne d’ALDE s’est déroulé. Plus de 1 300 personnes ont déboursé 10 € pour être présentes à cet évènement. Les participants venaient de l’Europe entière pour assister à cette soirée politique. L’ambiance de la salle était donc au rendez-vous. Une grande délégation des pays voisins avait fait le déplacement, notamment depuis la Slovénie qui était très représentée. Quelques Français étaient également présents. Cette soirée politique avait deux objectifs bien distincts. D’une part cet évènement marquait le début de la campagne autrichienne du parti centriste NEOS et, d’autre part, elle inaugurait le lancement de la campagne européenne pour les libéraux et les démocrates présents sous le groupe général européen d’ALDE.

Déroulement du meeting autrichien

La soirée animée par Beate Meinl Reisinger, présidente de NEOS à Vienne, a démontré l’affinité du parti NEOS pour l’Union européenne, grâce à l’échange linguistique permanent entre l’allemand et l’anglais de tous les intervenants. Les libéraux européens en personne ont participé à cet évènement qui avait une dimension nationale et européenne. Le meeting a commencé par l’intervention de Sir Graham Watson, homme politique britannique et président du groupe d’ALDE au Parlement européen. Il a présenté ses attentes par rapport au résultat des prochaines élections européennes : « Die Welt wird eine bessere sein, wenn die Liberalen stark sind » (Le monde sera meilleur, si les libéraux sont forts)[1].  Puis les deux candidats d’ALDE représentant le parti autrichien NEOS, Matthias Strolz, président et fondateur du parti, et Angelika Mlinar, meilleure candidate de NEOS pour les élections européennes, ont pris place sur la scène. Les deux politiciens ont montré leurs convictions et leurs passions pour NEOS, mais également leur enthousiasme pour la victoire d’ALDE. Olli Rehn, lui aussi candidat NEOS et commissaire européen aux affaires économiques et monétaires au Parlement européen, a salué la candidature à la présidence de la Commission européenne de l’ancien premier ministre belge. Guy Verhofstadt a donc clôturé la soirée sous les forts applaudissements des libéraux et démocrates venus soutenir « leur » candidat européen.

 

Sir Graham Watson par Justine Audo
Sir Graham Watson par Justine Audo

NEOS, le parti politique libéral autrichien

Les deux objectifs de cette soirée politique ont été atteints. D’abord, le parti NEOS a réussi à motiver ses sympathisants très nombreux à venir le soutenir. L’enjeu est très important pour ce parti. En effet, c’est la première fois qu’il se présente aux élections européennes. Créé en octobre 2012, NEOS (« Das Neue Österreich », la Nouvelle Autriche et le Forum Libéral)[2], a obtenu 5% des voix et 9 sièges de députés aux dernières élections législatives de 2013. L’ambition pour Angelika Mlinar est bien plus grande pour ces élections : « Jedes Mal, wenn ich an Europa denke, hört mein Herz zu schlagen auf » (Chaque fois, que je pense à l’Europe, mon cœur cesse de battre)[3]. Elle aspire à un résultat à 2 chiffres. Ce souhait a de fortes chances d’être exaucé puisque, dans les sondages[4], le parti centriste obtient actuellement la quatrième position avec 14% des intentions de vote, derrière le SPÖ, Sozialdemokratisch Partei Österreichs (Parti social-démocrate d’Autriche) avec 24%, l’ÖVP, Österreichische Volkspartei (Parti populaire autrichien) avec également 24% et le FPÖ, Freiheitliche Partei Österreichs (Parti de la liberté d’Autriche) avec 19%, juste devant Die Grünen (Parti écologiste autrichien) avec 13%. De par sa couleur rose, sa jeunesse et sa passion, (« Pink is the colour of passion », le rose est la couleur de la passion comme l’a répété Matthias Strolz)[5], le parti NEOS a montré son dynamisme, sa modernité et son intérêt pour les questions européennes pendant toute la soirée. Beate Meinl Reisinger s’est d’ailleurs inclinée devant les représentants d’ALDE : « the honour, to have Europa here in Vienna » (L’honneur, d’avoir ici l’Europe à Vienne)[6].

Guy Verhofstadt, futur président de la Commission européenne ?

Le deuxième objectif de la soirée et sans doute le plus important était le lancement de la campagne des centristes européens. L’ALDE est le troisième parti européen, avec 85 députés sur les 751 présents au Parlement européen depuis 2009. Plus de 38 partis[7] européens des 28 pays prennent part à ce groupe politique. Pour ces élections européennes l’enjeu d’ALDE est important. Depuis le traité de Lisbonne de 2009, le président de la Commission est élu par les députés du Parlement. Alors, Guy Verhofstadt, candidat d’ALDE pour la présidence doit se distinguer face aux quatre autres candidats : Jean-Claude Junker, Martin Schulz, Ska Keller et José Bové et Alexis Tsipras représentant respectivement l’European People’s Party (Droite), le Party of European Socialists (Gauche), l’European Green Party (Europe Écologie les Verts) et le Party of the European Left (Extrême gauche). Le parti politique obtenant la majorité de députés aura une avance colossale pour élire le candidat à la présidence de la Commission. Durant son intervention, Guy Verhofstadt s’est donc différencié par ses actions et son programme face à ses concurrents « Nous avons besoin d’autre chose. Nous avons besoin du libéral ».[8] Il a affirmé ses convictions européennes en faisant référence à Winston Churchill : « Wir wollen ein Europa, das funktioniert » (Nous voulons d’une Europe qui fonctionne).

 

Guy Verhofstadt par Justine Audo
Guy Verhofstadt par Justine Audo

Une stratégie de communication nationale et européenne pour l’ALDE

Le parti des libéraux et des démocrates a ouvert le débat européen en choisissant de débuter la campagne en Autriche. Ce choix n’est pas anodin puisque le parti libéral autrichien NEOS est un modèle pour l’Europe et pour l’ALDE. La stratégie de communication de l’ALDE combine parfaitement l’alliance entre enjeux nationaux et européens. Pendant ce premier meeting, la communication entre les participants présents dans la salle a bel et bien fonctionné. Le public a pris part au meeting d’échange européen en participant au jeu mis en place par les organisateurs. Une chose est sûre, la communication politique pour les européennes réalisée en Autriche est bien différente de celle menée en France. Dans toute la capitale autrichienne, des affiches sur les élections inondent les trottoirs depuis quelques semaines déjà. Tous les partis politiques utilisent la publicité extérieure (affiches 1×2, abris bus, 4×3 et autocollants). De plus, le rapport entre les électeurs et les élus est également différent. Il y a un effet d’accessibilité plus importante par rapport à d’autres pays européens. Il existe une certaine légèreté et décontraction de la part des hommes politiques. Les tenues des candidats sont d’ailleurs beaucoup moins conventionnelles. Cependant, durant le meeting, l’engouement du public était moins important que celui que nous pouvons retrouver dans les meetings parisiens.

En définitive, au sein des différents pays de l’Union européenne, les stratégies de communication politique ne sont pas mises en place de la même manière. La difficulté d’ALDE est donc de réaliser une campagne électorale pour les européennes qui soit cohérente et qui allie la communication politique européenne et nationale, comme avec NEOS. Nous verrons dans quelques jours, si la campagne d’ALDE et de Guy Verhofstadt a été efficace et a mobilisé une majorité d’électeurs. Le maître mot pour le parti libéral et démocratique européen reste cette déclaration souvent répétée « We must be Europe together » (Nous devons être l’Europe ensemble).

Justine AUDO

 
Panneau ALDE Autriche
 
Crédits photo : Justine Audo


[1] Meeting du vendredi 2 mai 2014 à Marx Hall, Karl-Farkas-Gasse 19
[2] http://elections-en-europe.net/partis-politiques/partis-politiques-autrichiens/
[3] Journal Der Standard, Auf dem rosa Europamenü : Luft und Liebe, du 3 et 4 mai 2014, numéro 7677
[4] http://www.xn--sterreich-z7a.at/nachrichten/Neue-Umfrage-Zwei-Duelle-Kopf-an-Kopf/141918722
[5] Journal Wiener Zeitung, Pink ist die Farbe der Leidenschaft, du 3 et 4 mai 2014, numéro 087
[6] Meeting du vendredi 2 mai 2014 à Marx Hall, Karl-Farkas-Gasse 19
[7] Revu Liberal Bulletin, First issue 2014, Alliance of Liberals and Democrats for Europe Party
[8] Meeting du vendredi 2 mai 2014 à Marx Hall, Karl-Farkas-Gasse 19
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