Jeudi 30 janvier.
Le Palais Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale depuis 1788, a ouvert ses portes aux étudiants du Master 1 de Communication Politique et Publique. Visiter cette institution est l’occasion de mieux comprendre son rôle, son activité et surtout de découvrir le quotidien des parlementaires. Nous avons tous en tête l’image de l’Hémicycle et ses débats animés entre députés. Mais son fonctionnement réel, interne est bien moins connu, plus complexe. Ce qui nous a poussés à nous y rendre. C’est aussi une opportunité pour les étudiants de rencontrer divers acteurs de la vie politique française et de les interroger plus spécifiquement sur les enjeux de communication qui découlent de leur fonction.
Cette visite a été organisée par Elsa Duparay, étudiante de notre master, qui a contacté la députée de sa circonscription Cécile Untermaier. Tout au long de cette rencontre, les échanges furent fort instructifs, la députée étant très impliquée sur son territoire et au sein de l’Assemblée. Une double implication qui nous a éclairés sur des questions de communication locale mais aussi sur le travail de l’ensemble des députés dans les bureaux de l’Hémicycle. Nous remercions Elsa pour son initiative.
La suite de la journée a été ponctuée de rencontres diverses avec des personnalités importantes dans le fonctionnement du Palais, dont Alain Vidalies, Ministre chargé des relations au Parlement. Grâce à la générosité de Cécile Untermaier, il nous a également été permis d’assister à une séance parlementaire et de bénéficier d’une visite guidée du Palais.
Rencontre avec Cécile Untermaier
Au cours de cette journée, nous avons en premier lieu rencontré la députée socialiste de la 4ème circonscription de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier. Nous avons pu évoquer avec elle plusieurs questions concernant les modes de communication développés dans sa circonscription et ses divers engagements citoyens et politiques. Elle nous a également éclairés sur son rôle au sein de la commission des lois, qui élabore tous les grands textes de notre société (libertés publiques, sécurité, fonction publique, organisation judiciaire, etc.). [Pour en savoir plus sur cette rencontre enrichissante, retrouvez l’article d’Elsa Duparay sur notre blog]
Entrevue avec Alain Vidalies
Alain Vidalies, Ministre chargé des relations avec le Parlement, nous a également consacré quelques minutes de son temps, afin de répondre à nos interrogations. Cette rencontre a été permise par Amandine Taffoureau, étudiante de notre master, promotion 2012, qui effectue actuellement un stage auprès du conseiller en communication d’Alain Vidalies. Le Ministre nous a précisé, non sans une touche d’humour, que dans un lycée, sa fonction correspondrait à celle de surveillant général. D’une manière plus générale, son travail consiste à organiser les rapports entre le Gouvernement et le Parlement. L’une de ses fonctions est de fixer l’ordre du jour et de veiller à son bon déroulement. Celui-ci est établi selon des règles très précises : deux semaines par mois sont réservées au Gouvernement d’après l’article 48 de la loi constitutionnelle du 23 janvier 2008, les deux autres aux assemblées elles-mêmes. Les deux Chambres contrôlent l’action du Gouvernement et évaluent les politiques publiques la première semaine, puis examinent les textes qu’elles souhaitent voir débattus la deuxième semaine.1 Alain Vidalies est également chargé de piloter en temps réel ce qui se passe au Sénat et à l’Assemblée nationale.
L’existence de ce ministère rattaché à Matignon est primordiale au bon fonctionnement entre le Parlement et le Gouvernement. Pourtant c’est un « ministère de l’ombre » nous confie Alain Vidalies, envers lequel beaucoup de citoyens sont perplexes quant à son utilité car il est peu médiatique. La communication n’est pas simple à déployer, le problème étant que les outils numériques mis en place n’ont pas vocation à être suivis par le grand public. C’est notamment le cas du compte Twitter du ministre, qui sert à divulguer les résultats des votes et les détails de ce qui se passe au Sénat et à l’Assemblée. L’interaction se fait surtout avec les journalistes, afin de leur fournir de l’information ou dans certains cas, contrer une déclaration erronée.
Séance parlementaire avec Manuel Valls
Bastion de la démocratie, nous ne pouvions aller à l’Assemblée Nationale sans assister à un débat parlementaire – opportunité gracieusement offerte par Cécile Untermaier. Ce jour-là, pas de vote ni d’élaboration de propositions mais une séance ordinaire de questions orales au Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls (débutée à 15 heures). Cette après-midi, la séance était présidée par Sandrine Mazetier, vice-présidente. Troisième grande mission de l’Assemblée, les questions au gouvernement fonctionnent de la manière suivante : les députés (au nombre de 15 ce jour-là) ont un temps de parole limité pour poser leurs interrogations au Ministre. Celui-ci a connaissance des questions à l’avance de manière à ce qu’il puisse argumenter sur la réponse. Pour cette séance, les questions et réponses, sans droit de réplique, ne devaient pas excéder deux minutes. Le débat portait sur « la protection de la vie privée à l’heure de la surveillance numérique commerciale et institutionnelle »2. Au sein de l’assemblée, les consignes sont strictes : nous devions observer le silence et n’approuver ou désapprouver aucun commentaire. Ce que les députés, eux, ne se sont pas privés de faire : l’hémicycle est une illustration parfaite du jeu parlementaire et des oppositions gauche-droite. Au vu du nombre de députés présents ce jour-là, nous pouvons imaginer que certaines séances puissent produire des débats bien plus houleux ! L’une des raisons de l’absence des députés aux séances, nous expliquait Cécile Untermaier, est due au fait que les commissions sont prises par le temps, face au flux continu des projets de lois. L’hémicycle est vide et les commissions sont pleines, car tout le travail se fait en commission. Cela peut également s’expliquer par le fait, que par exemple, certains députés cumulent des mandats ce qui entraîne la nécessité, parfois, d’être présent dans sa mairie plutôt que sur les bancs de l’Assemblée ou en commissions. Mais la raison se trouve également dans le planning de la semaine – les journées les plus importantes étant les mardis et mercredis.
Découverte d’un patrimoine d’exception
Pour clôturer cette journée, le Palais Bourbon nous a révélé ses secrets au cours d’une visite guidée. Nous avons découvert la galerie des fêtes et ses lustres menant à la salle des séances (depuis 1848 !), la salle des Quatre Colonnes réunissant journalistes et députés ou encore la célèbre Salle des Pas Perdus. Face à ce défilé de salles plus belles les unes que les autres, il en est une absolument frappante et qui est sûrement plus que révélatrice du prestige de ces lieux : la Bibliothèque. Datant de 1830, elle renferme 700 000 ouvrages de droit, de science politique ou encore d’économie, qui aujourd’hui ne sont plus beaucoup manipulés, les députés préférant le numérique.
Pendant une après-midi, il nous a été permis d’entrevoir le fonctionnement du jeu parlementaire et donc de la démocratie. Un fonctionnement unique, comptant 1 351 fonctionnaires, et régi comme une « cité » à part entière où la vie est organisée autour de la politique (coiffeur, buvette, poste). L’occasion pour les étudiants du Master 1 de se familiariser avec un bâtiment dans lequel ils seront peut-être amenés à travailler dans les années à venir.
1 http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/fiches_synthese/septembre2012/fiche_26.asp
2 http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2013-2014/20140151.asp#P180559