30 janvier 2014. La promo de master 1 se rend à l’Assemblée Nationale. Au programme ? Des échanges avec Cécile Untermaier, députée du parti socialiste. Cette rencontre est l’occasion de discuter de ses engagements, ses commissions, derniers projets et propositions de loi mais également de son rapport avec la communication.
Les réalités complexes d’un territoire
Cécile Untermaier est députée depuis 2012 de la 4ème circonscription de Saône et Loire, l’ancien fief d’Arnaud Montebourg1, situé en Bourgogne. Lors de son élection, elle subit le redécoupage électoral, suite à l’ordonnance du 29 juillet 20092. La gestion de sa circonscription n’est pas une mince affaire. Elle est composée de l’un des quartiers de la plus grande ville de Saône et Loire – Chalon-sur-Saône – et deux autres villes de moins de 7000 habitants (Tournus et Louhans). Par ailleurs, la Saône et Loire compte 65 hab/km2 3contre une moyenne de 115 habitants au niveau national. Un territoire relativement rural. Aux disparités démographiques s’ajoutent enfin des disparités politiques. Par exemple, Chalon-sur-Saône vote à 32,43%4 pour François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 – quatre points de plus que la moyenne nationale – alors qu’à Pierre de Bresse5, les habitants placent Marine Le Pen, derrière Nicolas Sarkozy avec 23,34%6 des voix. Ces caractéristiques politico-démographiques guident l’élu dans sa relation avec la population. D’autant que durant sa campagne, lorsque la candidate, encore peu connue, rencontre les électeurs, elle perçoit une certaine méfiance vis-à-vis des politiques. Elle ressent un besoin urgent de recréer le lien brisé entre local et national.
La démocratie participative au coeur de son mandat
Nous l’avons vite compris en l’écoutant, Cécile Untermaier, place la démocratie participative au cœur de la conduite de son mandat. Elle tient d’une part à rétablir la confiance des citoyens en leur élu, mais il s’agit aussi de légitimer ses activités au Palais Bourbon. Elle est ainsi convaincue qu’il faut associer davantage le citoyen à la fabrication des lois et surtout, « faire entrer la vie dans la loi ».
Sa conviction s’est traduite de manière concrète sur son territoire en créant les ateliers législatifs citoyens. Elle qualifie ce dispositif d’ « historique et révolutionnaire »7. Ces ateliers, encore inédits en France, permettent à la députée de rassembler particuliers, associations, syndicats, journalistes et entreprises. L’objectif ? Échanger sur les projets et des propositions de loi en discussion au Parlement et in fine proposer des « « amendements citoyens » que la députée soumet ensuite à l’Assemblée. Un dispositif qui place donc les citoyens au cœur de la décision politique.
Et ces ateliers législatifs citoyens ont déjà pris une certaine ampleur. En janvier dernier, Benoît Hamon, ministre de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation, s’est rendu à Sennecey le Grand8 afin de discuter avec les habitants du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire. Et comme ces ateliers sont à présent reconnus par la population, mais qu’il est parfois difficile de s’y rendre, Cécile Untermaier a mis en ligne depuis le 3 février 2014 un site pour permettre aux habitants d’apporter leur contribution.
La députée utilise également d’autres outils plus traditionnels pour communiquer avec les citoyens. Elle diffuse une lettre trimestrielle, par mail ou courrier, qu’elle diffuse auprès 3500 personnes – son réseau – et qui relate ses activités locales et nationales.
Son rapport à la presse et aux réseaux sociaux
Pour la députée, l’un des principaux intérêts de ces ateliers législatifs est de pouvoir communiquer avec les habitants de sa circonscription sans intermédiaire.
Cependant, la presse reste indispensable pour pouvoir toucher toute la population. La presse quotidienne régionale est encore très lue dans les territoires ruraux. Et Cécile Untermaier le sait bien lorsqu’elle s’appuie sur elle pour entretenir un lien de proximité mais aussi pour pouvoir parler de ses engagements de fond.
Quid de son usage des réseaux sociaux ? Cécile Untermaier se situe plutôt à l’inverse de la tendance générale. Elle est bien entendu présente sur Facebook et Twitter mais elle utilise ses réseaux sociaux avec du recul. Elle n’est pas dans une optique d’instantanéité et nous confie qu’elle les utilise surtout quand elle a le temps.
En somme, son approche des réalités contrastées de sa circonscription fait émerger une grande priorité pour Cécile Untermaier : revitaliser le lien avec le citoyen grâce aux outils de démocratie participative. Si elle est l’une des seules pour le moment à utiliser ce nouveau mode de participation des citoyens à la vie politique, elle vient peut-être de créer une nouvelle manière de considérer les citoyens.