Un encadrement de l’armée malienne avec l’aide de partenaires internationaux : conformément à la résolution 2085 signée par le Conseil de l’ONU fin décembre, l’armée française obtient la bénédiction internationale pour aider les Maliens à se préparer et à retrouver une stabilité militaire, face à l’avancée djihadistes au nord du pays. Mais confrontée au regroupement inattendu des forces terroristes (Aqmi, Ansar Dine, et le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), la France a décidé de s’engager concrètement et d’envoyer des militaires dès le vendredi 11 janvier au nord du Mali. A leur tête, le chef des armées, le président François Hollande, qui prend alors pleinement possession de la fonction régalienne suprême en faisant le choix crucial de répondre favorablement à la demande d’aide des autorités maliennes.
A la suite de cette décision « surprise », nombre de commentateurs et de journalistes nationaux et internationaux (notamment le JDD ou The Guardian) voient en l’action entreprise par François Hollande une présidentialisation et la révélation d’une véritable image de leader. A rebours des critiques portées depuis le début de la campagne présidentielle de 2012, la plus célèbre étant le « Flamby » infligée par Arnaud (de) Montebourg, François Hollande prend une décision qui constitue un tournant majeur dans la perception du président par les citoyens et sur la scène internationale, en renforçant son autorité et sa stature présidentielle.
De plus, l’envoi de militaires pour contrer les terroristes au nord du Mali, en dépit de l’échec du raid Somalien où un otage français a perdu la vie, a été salué par la quasi-totalité de la classe politique française, exception faite des écologistes, l’extrême gauche et de Dominique de Villepin dans une logique « d’union sacrée » ; ce rassemblement autour de François Hollande le présidentialise réellement après des interrogations récurrentes sur sa capacité à diriger le pays, tout en le plaçant enfin au-dessus des querelles politiques. Le gouvernement n’a d’ailleurs pas tardé pour répondre aux critiques émises par les opposants et au scepticisme du co-dirigeant du Front de Gauche concernant la légalité de l’intervention, en rappelant notamment que conformément à la Constitution, le Parlement ne devait voter uniquement qu’en cas d’une déclaration de guerre à un autre Etat, et non pour une intervention visant à renforcer les armées sur place.
Selon un sondage Ifop publié lundi 14 janvier, 63 % des Français se montrent favorables à une intervention militaire au Mali ; pourtant, tout en traduisant une certaine confiance de la part de l’opinion (comme l’indique aussi le sondage BVA du 15 janvier) il est encore trop tôt pour déceler l’impact de cette décision risquée sur sa popularité auprès des citoyens. Les décisions d’intervention (ou non) militaires ont eu des impacts puissants sur ces prédécesseurs et François Hollande devra s’y confronter en fonction de l’issue de la guerre. La décision de ne pas s’engager en Irak en 2003 a par exemple permis à Jacques Chirac un regain de popularité, mais l’intervention en Lybie en mars 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy a été pour sa part, vivement critiquée après avoir été soutenue par les Français. Rien n’augure donc que la nouvelle image de leader et de chef des armées bénéficie durablement à François Hollande, quand bien même l’intervention semble pour l’instant faire reculer les adversaires, et soit vécue comme un soulagement pour la majorité des Maliens.
Grâce à cette décision, pour laquelle le gouvernement à fait pression à de nombreuses reprises au sein des instances internationales, l’image de François Hollande comme étant un président indécis et nonchalant a brusquement été renversée, lui procurant une véritable stature présidentielle. François Heisbourg, expert en défense à la Fondation pour la Recherche Stratégique, va même jusqu’à comparer ce changement à la décision de Barack Obama d’envoyer un raid contre Oussama Ben Laden (mai 2011), prouvant alors sa crédibilité dans sa fonction de chef des armées.
Par ailleurs, le Président se montre sous un autre jour non seulement en matière de politique internationale mais aussi concernant les enjeux sociétaux en Français. L’accord patronat-syndicat, signé vendredi 11 janvier, est une preuve pour beaucoup de la réussite de la démocratie sociale voulue par François Hollande, quand bien même des voix au sein même du PS s’élèvent pour dénoncer un texte qui serait selon eux plus favorable au patronat. Dès samedi 12 janvier, le gouvernement a salué la signature de cet accord comme « le succès d’un dialogue social », le premier depuis 1984 qui prend en compte les partenaires sociaux, et qui ne peut lui être que favorable dans un contexte miné par les difficultés d’emploi. Cette nouvelle négociation concernant le travail et l’embauche est donc pour l’instant un succès pour François Hollande, qui montre ici la concrétisation de ses promesses et engagements en matière sociale.
Enfin, face à une manifestation anti-mariage gay le dimanche 13 janvier ayant regroupé plus de 340 000 manifestants, François Hollande n’a pas cédé à la pression et s’en est tenu à sa décision, bien que reconnaissant l’ampleur conséquente du regroupement. Le projet de loi est donc maintenu, alors que le président avait reculé sur le sujet en novembre 2012, laissant la décision finale aux maires de proclamer le mariage « selon leurs consciences ». Critiqué pour ne pas avoir renégocié le traité européen, pour son manque de charisme, le chef de l’Etat peut ici affirmer une différence avec son prédécesseur et tenir ses engagements sur un terrain qui n’est ici pas soumis aux aléas de la croissance.
Ces évènements procurent donc une nouvelle image, non plus présidentiable mais réellement présidentielle, à François Hollande, notamment après le refus de sa mesure phare de la taxation à 75 % par le Conseil Constitutionnel. Après des débuts chaotiques et critiqués par tous les bords politiques, le président se pose alors en véritable décisionnaire et en chef régalien, sur la scène internationale mais aussi aux yeux des citoyens Français. Cependant, ces nouvelles décisions ne promettent en rien une popularité qui sera liée ensuite aux conséquences de l’intervention militaire (désastreuses pour son image si par exemple la menace d’attentat est concrétisée), ainsi qu’au succès de l’accord patronat-syndicat. Un week-end qui s’avère donc être bénéfique pour le leadership de François Hollande, mais n’est en rien une promesse de popularité et de succès à long terme.