A quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, la pièce de théâtre « En ballotage » de Benoît Masocco au Théâtre Clavel apporte une nouvelle perspective peu évoquée durant la campagne. L’intrigue : Un jeune candidat aux législatives pour le parti de la droite conservatrice joue un double jeu. Il est à la fois le représentant stéréotypé de son parti mais problème : il est homosexuel. Le monde politique et l’homosexualité entretiennent depuis longtemps des rapports difficiles, et cette pièce nous le rappelle.
Ce qui frappe dans cette pièce, ce sont les clichés. Chaque personnage pousse le sien jusqu’au bout. Edouard, le plus jeune candidat (23 ans) aux législatives, beau mais torturé. Son père, Ministre et magouilleur, tirant toutes les ficelles (Pot de vin, etc.). La secrétaire, blonde, d’origine italienne, amoureuse du père mais obligée de se marier avec Edouard. Georges, le compagnon caché du candidat, professeur et de gauche. Et enfin, Arnold, le meilleur ami de Georges, plus homosexuel « que toute la Grèce antique ». La pièce, dans un décor très modeste, ne semble pas particulièrement remarquable, mais son sujet amène à réfléchir. Entre chaque acte et chaque changement de décor, la salle est plongée dans le noir avec pour bande sonore des extraits de discours (Jospin, Boutin, Bachelot, Mamère, etc.) sur l’homosexualité.
L’homosexualité tente d’influer le politique. Et le politique essaie de légiférer autour de la question.
L’une des répliques symbolise particulièrement ce cercle vicieux. Georges critique toutes les idées préconçues autour du milieu homosexuel : Régine, Madonna, Lady Gaga, le rose et la superficialité. Mais Arnold lui rétorque que c’est bien cela son problème : Georges veut « la différence mais à l’identique ». Cette phrase provoque la réflexion. La proposition de François Hollande « J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » pose en mot toute la problématique de la réplique. Les homosexuels revendiquent une différence mais veulent entrer dans la norme et dans les obligations de la société. Ils veulent pouvoir se marier et adopter comme tous les couples. Et c’est bien sur ce point qu’il y a débat.
Nous vivons dans une société où la sexualité régit nos relations. Cette société oblige alors des choix et un positionnement.
Le débat autour de l’homosexualité et de sa reconnaissance a toujours gêné une partie des conservateurs (et mêmes des progressistes). Il faut attendre 1982 pour voir la mention « quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu du même sexe » disparaître de notre code pénal. Rappelons nous aussi de la phrase de Christine Boutin (1999), ancienne Ministre du gouvernement Fillon, « Une société qui mettrait sur le même plan l’homosexualité et l’hétérosexualité travaillerait à sa propre disparition et pourrait compromettre gravement l’éducation des enfants. »
Il y a un enjeu autour de la question de la reconnaissance du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe. L’homosexualité en politique ne semble pas être une difficulté majeure dans les grandes villes. Beaucoup de personnalités de premier plan en France et en Europe ont fait publiquement leur coming-out. Mais entre le coming-out et l’adoption, il y a encore un gouffre, que certains responsables politiques tentent de réduire.