La France se réveille sous le choc ce lundi 19 mars en découvrant la tuerie devant une école de Toulouse. C’est dans ces moments là que le responsable politique doit particulièrement mesurer ses mots. Comment cet attentat peut marquer cette fin de campagne présidentielle ? Que et comment communiquer ?
Il est difficile de ne pas compatir au récit de telles horreurs. La classe politique est donc obligée de réagir. Chaque mot, chaque représentation, chaque message devient important. Plus qu’à l’habitude. Par mesure de sécurité ou de décence, les candidats ont préféré mettre la campagne présidentielle « à l’arrêt ». Dans ce genre d’événement, le responsable politique ne peut s’empêcher d’émettre des signes. Pour cela, il doit trouver un positionnement.
Le 19 mars, le Président-candidat redevient Président. Il est en effet le garant de la République. Nicolas Sarkozy reprend donc de la hauteur et s’exprime depuis l’Elysée. De par la nature des événements, le Président parle au nom de tous les Français. Alors que le candidat Hollande parle en son nom. C’est toute la difficulté de l’exercice. François Hollande, le rival socialiste du Président Sarkozy, ne doit pas laisser toute la représentation au Président actuel mais ne doit pas en faire trop non plus. C’est cet équilibre qui est difficile à trouver. La frontière entre compassion et récupération est parfois ténue.
La personnalité même du tueur détermine le positionnement des candidats. Marine Le Pen s’est bien gardée de communiquer avant de connaître les motifs invoqués par l’homme en question. On peut imaginer que si le tueur avait été un militaire sympathisant des thèses d’extrême droite, Marine Le Pen aurait eu beaucoup plus de mal à imprimer son discours. Toujours dans cette hypothèse, cela aurait été plus facile pour la gauche.
Jean Luc Mélenchon, lui, ne s’est pas rendu sur place. Il a préféré attendre tous les éléments mais il a continué sa campagne électorale. Une fois l’intervention du RAID passée, l’équipe du candidat publie un article sur son site placeaupeuple « L’état de peur totale ». Le 5 avril, le Front de Gauche organise un rassemblement sur la place du Capitole « Tous au capitole ! ». Cet événement peut être considéré comme une réponse symbolique aux attentats.
La candidate de Lutte Ouvrière qualifie l’arrêt de la campagne de « comédie ». Pour elle, le simple fait de marquer une suspension, c’est déjà une forme de récupération. Nathalie Arthaud veut recadrer le débat et la campagne sur la crise financière et le chômage. Sa position se rapproche de celle de Mélenchon. Alors que l’UMP et le PS marquent un arrêt officiel de la campagne et participent aux cérémonies institutionnelles (formelles), la gauche radicale marque sa différence.
Le spectre sécuritaire réapparait
Dès lors, l’agenda de la campagne se cristallise sur le thème de la sécurité. La peur redevient aussi un « argument » de campagne. Exemple : Quand Nicolas Dupont Aignan affirme que l’on peut acheter des armes à chaque coin de rue en France.
Ou quand Marine Le Pen interroge dans son discours du 25 mars à Nantes « Combien de Merah dans les bateaux pour la France ? » Après quelques jours prétendument d’ « arrêt » de la campagne électorale, certains politiques récupèrent l’événement. Le Front National a donc attendu avant de s’engouffrer dans cette brèche. Il est tout de même utile de rappeler que le tueur était Français, né à Toulouse. Il n’a donc ni pris le bateau ni l’avion pour venir en France.
Peut on dire qu’il y aura un avant et un après Toulouse ?
En terme de communication, il serait maladroit d’évoquer certains thèmes dans un discours. Un appel à la nation rassemblée et unie, semble être la manière la plus consensuelle de calmer les esprits. Dans cette perspective, le discours de François Bayrou aurait peut-être pu mieux ressortir. En effet, le discours du MoDem se veut au dessus des partis, il peut donc se structurer autour de ce message fort : L’unité. Mais le discours du candidat centriste ne semble pas apparaître comme au dessus des autres.
Deux semaines après les événements de Toulouse, peut-on parler d’un événement qui structure le vote de 2012 ? Il est difficile de le dire. Mais une chose est sûre, ces attentats ont relancé le débat de la sécurité dans la campagne présidentielle. Il reste maintenant à savoir si le sujet prendra dans la société française. Avec un chômage à presque 10% et une crise mondiale, l’opinion doit prioriser ses attentes : L’emploi et/ou la sécurité ?