Le parti libéral allemand subit depuis quelques mois des défaites cuisantes à chaque élection locale. Dans un Etat fédéral, où chaque Land a un pouvoir fort, ces défaites auront un sens au niveau national. Comment le parti partenaire du gouvernement conservateur d’Angela Merkel est passé du succès à la défaite ?
La FDP (Freie Demokratische Partei) est arrivé au pouvoir dans les années 50. Elle a été de presque toutes les coalitions de 1949 à 1998. La FDP est donc le parti qui peut s’allier aussi bien à la SPD (Social-démocrate) qu’à la CDU (Conservateur). Aux dernières élections (Septembre 2009), la CDU remporte le scrutin mais a besoin d’un partenaire pour avoir une majorité. Angela Merkel choisit de faire une coalition noire-jaune. En Allemagne, on nomme les coalitions en fonction des couleurs des partis (CDU : Noir, FDP : Jaune, SPD : Rouge, Les verts : Vert). Fort de ses 14,5%, la FDP accepte de faire partie de la coalition. Est donc nommé Vice-Chancelier le chef de la FDP Guido Westerwelle. Ce dernier est aussi le Ministre des Affaires étrangères allemand.
Mais la crise financière arrive et les propositions de la FDP semble être à contre pied. Alors que le marché s’enflamme, que les banques s’envolent, les libéraux proposent toujours plus de libéralisme. Moins d’Etat et plus de libre échange. Les allemands sont conscients qu’il faut réguler le marché pour le remettre sur pied. Il faut des règles et un minimum d’actions de l’Etat. Pour cela, on peut penser que la FDP n’est plus à même de répondre aux interrogations face à la crise. De plus, le parti propose depuis toujours de baisser les impôts. En période de crise et de dette souveraine, cette idée est mal venue.
De plus, les électeurs de la FDP sont considérés comme indécis. En effet, le parti n’a pas des électeurs fixes qui votent à chaque élection pour le parti. On vote pour la FDP parce que sur le moment elle répond aux attentes. La vague de libéralisme et de liberté que porte le parti a conforté les électeurs. Mais on ne peut pas affirmé qu’il y ait une adhésion massive. Le parti est peut être celui des classes moyennes et des entrepreneurs mais ces électeurs ne votent plus pour la FDP. Avec un électorat indécis, le parti a donc du mal à se maintenir en période de crise. Alors que dans une société où l’économie semble fonctionner, les électeurs peuvent voter FDP, ils sont beaucoup moins à la faire en période de crise.
La FDP manque aussi de leader charismatique capable de tenir le parti. Guido Westerwelle, après les défaites successives, a quitté la présidence du parti. Il n’est plus Vice-chancelier non plus. L’actuel chef de la FDP, Philipp Rösler, ne semble pas imprimer son discours. Il ne parvient pas à être à la hauteur face à une chancelière Merkel qui est le personnage politique le plus populaire en ce moment. De plus, l’image de la coalition noire-jaune est plutôt mauvaise. 75% des allemands ne sont pas satisfaits par la coalition actuelle. 59% des sondés estiment que la FDP est le parti responsable des mauvais résultats du gouvernement conservateur. C’est souvent le cas dans les coalitions, mais cela n’arrange toujours pas les affaires de la FDP. Tous les espoirs sont maintenant portés sur Christian Lindner, candidat pour les élections locales du 13 mai en Nordrhein-Westfalen.
La FDP est aussi devenue la tête de turc de l’émission Extra3 (sorte de Petit Journal à l’allemande) de la chaine NDR. Dernièrement, on peut voir un clip annonçant la fin de la FDP : « Goodbye FDP »
En plus de sa perte de leadership, la FDP doit faire face à de nouveaux adversaires politiques. Aux dernières élections locales en Saarland, le Parti Pirate a remporté 7,4% des suffrages. Ce nouveau parti, composé de geek et de jeunes voulant changer la société, est même présent au Parlement de la Ville-Etat de Berlin. Ces jeunes, non professionnels de la politique, se retrouve propulsé aux responsabilités. La FDP est donc bien bousculé de tous les cotés (1,2% en Saarland contre 9,2% en 2009).
C’est la vie démocratique de chaque pays que de voir des partis politiques apparaître et disparaître. Mais de mémoire de Français, aucun parti n’a jamais aussi vite connu la déroute. Pour l’anecdote : Si la FDP s’effondre, la coalition de Merkel va se mettre à vaciller. Et à quelques mois de la prochaine élection nationale (Septembre 2013), la Chancelière devra en cas de victoire trouver un nouvel allié. Pourquoi pas une grande coalition noire-rouge comme en 2005 déjà ?