Le vendredi 17 février, à la suite de plusieurs scandales, le Président de la République Fédérale Allemande, Christian Wulff, a démissionné de son poste. Dans la tourmente médiatique depuis mi-décembre, suite à différents scandales financiers, Christian Wulff a finalement succombé à la pression médiatique.
Candidat élu difficilement sur proposition de la Chancelière Angela Merkel, d’abord vu comme un Président quelque peu lisse par certains, puis comme une personne médiatique du fait de sa vie privée. C’est le 13 décembre que le scandale éclate par le quotidien Bild Zeitung . Il est accusé d’avoir acheté en 2008 une maison grâce à un prêt de 500 000 euros obtenu auprès de la femme d’un riche entrepreneur. Dix-huit mois après, il contracte un nouveau prêt, cette fois auprès d’une banque, pour rembourser le premier.
Une deuxième affaire est mise à jour le 2 janvier par le quotidien Die Zeit. La veille de la parution de l’article le mettant en cause, Christian Wulff aurait tenté d’intimider le rédacteur en chef de Bild Zeitung, Kai Diekmann . Il menaçait de « guerre » le puissant groupe de presse Axel Springer, propriétaire de Bild, si l’affaire était mise à jour. Ceci s’est retourné contre lui puisque c’est l’ensemble des médias allemands qui ce sont unis contre cette tentative de censure.
Christian Wulff aura cependant attendu le 17 février pour déclarer sa démission. La demande par le parquet d’Hanovre de la suspension de l’immunité dûe à sa fonction, pour soupçons de prévarication, sonnant le glas de sa défense. L’honneur de la fonction ainsi que les engagements y ayant trait étant dans la culture allemande une chose à laquelle on ne peut déroger. Le Président de la République allemande étant de surcroît le plus haut garant moral. Même le soutien de poids de la chancelière n’a pu empêcher cela.
Cette affaire n’est pas un cas isolé en Allemagne. Le précédent président, Horst Köhler, avait déjà dû démissionné après avoir tenu des propos, allant contre la morale allemande actuelle, sur le rôle de son armée. L’affaire du ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg qui a dû démissionner en mars 2011, après des soupçons de plagiat dans l’obtention de son doctorat, est encore un autre exemple du poids de la presse allemande.
La presse allemande possède aujourd’hui le plus fort taux de diffusion européenne et son quotidien Bild Zeitung est, avec quatre millions d’exemplaires, le plus lu en Europe. Son rôle, et celui des médias en général, est de plus reconnu par la Loi Fondamentale (Constitution) qui lui impulse la fonction, en plus de celle de diffusion d’information, de rôle d’émetteur d’avis et de critique de la vie politique. Ils ne sont donc pas neutres et ils contrôlent les instances ainsi que les décideurs politiques allemands. Les médias allemands sont parfois même qualifiés de « quatrième pouvoir ».
En France, le poids des médias n’est pas le même. Si l’on met cette affaire en parallèle avec celle des emplois fictifs de la mairie de Paris et du Président Jacques Chirac on peut nettement voir la différence d’impact. Bien que les deux fonctions d’un côté ou de l’autre du Rhin n’aient pas la même importance, elle n’a pas réussi à faire fléchir le Président français de l’époque. Cela malgré des tentatives de poursuites judiciaires. A l’inverse, lorsque des soupçons d’implications portent sur Alain Juppé, il faut l’intervention de la justice et la presse n’a que peu médiatisé ses démêlés avec la justice. Ou encore lorsqu’un motard de l’escorte de Nadine Morano renverse un piéton qui tombe dans le coma, l’affaire n’est que peu médiatisée. Dans le même temps, la Présidente de l’Eglise protestante d’Allemagne et Evêque de la ville de Hanovre, Margot Kässmann, roule avec 0,9 g d’alcool dans le sang, elle est contrainte à la démission.
Aujourd’hui le modèle allemand est souvent pris comme exemple, par le Président de la République Française lui-même. Nicolas Sarkozy ayant déclaré à maintes reprises « J’admire le modèle allemand ». La confiance envers la classe politique française fait aujourd’hui largement défaut. Les affaires se multiplient mais pas les poursuites judiciaires. Cela ayant pour conséquence que l’opinion publique française ne se reconnaît plus dans ses représentants et les voit généralement comme manipulateurs et malhonnêtes. La vérité est aujourd’hui l’un des maîtres mots de la campagne présidentielle, mais la transparence ne devrait-elle pas être revalorisée ?
Mickaël Dieppois, étudiant erasmus à Berlin