Après le succès des Européennes de 2009, on pouvait s’attendre à ce qu’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) devienne un adversaire sérieux face à ceux qui font office de titans dans cette course à la présidentielle. L’aventure semblait avoir pris un bon départ, avec des primaires écologiques qui avaient plutôt bien occupé l’agenda médiatique. La question de la désignation ou non de Nicolas Hulot, figure emblématique de l’écologie, en particulier face à Eva Joly suscitait les passions dans la sphère politico-médiatique et donnait l’impression qu’EELV était devenu un parti avec de bien meilleures chances d’arriver au pouvoir. Finalement, ce dernier qui était parti favori pour remporter ces primaires, a vu sa rivale en sortir grande gagnante, entrainant une profonde tension entre les partisans de Hulot et ceux de Joly avec au milieu de la dispute, Cécile Duflot.
Par la suite, plusieurs évènements assez étonnants ont eu lieu, mis à part la disparition de Nicolas Hulot du paysage du parti. Il y a eu ces négociations avec le Parti socialiste sur une entente pour une alliance sous conditions d’application par le PS de certaines mesures en cas d’élection telle que la fermeture de 24 réacteurs d’ici 2025 ou l’abandon des filières de retraitement et du MOX. Ce qui se voulait être un acte de communication important montrant les Verts comme un parti d’influence, a été en réalité un vrai fiasco, puisque premièrement les Verts ne faisait plus une campagne pour arriver à la présidence du pays mais pour faire passer quelques idées auprès d’un parti plus à même qu’eux d’arriver à la présidence, ce qui peut être considéré comme un aveu de faiblesse, et dans le meilleur des cas gagner quelques postes de ministres. Deuxièmement, celle qui s’est clairement démarquée pendant ces négociations a été Cécile Duflot qui a été invitée sur de nombreux plateaux de télévision alors que la candidate officielle Eva Joly a plutôt eu un rôle de secondaire, il était dès lors possible de légitimement se demander qui était le véritable leader de ce parti. Etait-ce la candidate Eva Joly, ou alors la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot ? De quoi embrouiller les sympathisants du parti.
Quelques mois plus tard après l’élection d’Eva Joly le 12 juillet 2011, voilà que Nicolas Hulot sort de son silence et confie dans Le Monde du 9 février 2012, qu’il ne soutiendra pas la campagne d’Eva Joly – alors que cette dernière était déjà très basse dans les sondages – se détachant en plus du programme politique de la candidate des Verts considérant que l’écologie avait été marginalisée. Nathalie Kosciusko-Morizet lors du forum radio J estime que pour les Verts, avoir choisi « contre Nicolas Hulot Eva Joly, qui ne vient pas du monde de l’écologie et qui ne parle pratiquement jamais d’écologie, c’est un drôle de choix ». A la décharge d’Eva Joly, peut-on parler uniquement d’écologie quand on se présente à une élection présidentielle ? En effet, même si aujourd’hui les Français s’intéressent de plus en plus à leur environnement, pour être élu il faut aussi proposer des solutions pour des problèmes qu’ils jugent plus urgents tels que leur pouvoir d’achat, les problèmes d’éducation, de sécurité qui sont autant de sujet récurrents d’une campagne présidentielle. EELV pouvait avoir un fort succès lors des élections européennes car ils avaient un leader charismatique avec Daniel Cohn-Bendit et qu’il y avait un contexte particulier avec les nouvelles questions écologiques soulevées par des films comme Une Vérité qui Dérange sorti le 11 octobre 2006 et Home en salles le 5 juin 2009. Cependant dans une campagne présentant de tels enjeux, et à laquelle les Français accordent plus d’importance, un parti écologique est peut-être un peu limité pour englober tous les problèmes de société. Certes, c’est ce qu’Eva Joly a tenté de faire mais ne l’a-t-elle pas fait au détriment de son électorat écologiste ? Jusqu’à aujourd’hui, EELV n’a pas su allier un discours « écolo » et un discours plus général, plus présidentiable et le parti semble en permanence chercher sur quel pied danser. De fait, il semblerait qu’il ne peut plus aujourd’hui concurrencer les favoris aujourd’hui.