Après le meeting du 22 janvier 2012 au Bourget, on a le sentiment que la campagne a vraiment commencé. Le Parti Socialiste a réuni une foule de 25 000 personnes selon les organisateurs, pour que le candidat Hollande parle de la France, se confie et avance des propositions.
François Hollande était attendu par ses adversaires, mais aussi par son propre camp. En effet, celui que Arnaud Montebourg a surnommé « Flamby » n’avait pas encore revêtu son costume de présidentiable. Sur ce point, les médias sont unanimes, François Hollande a réussi son entrée en campagne. Être candidat à l’élection présidentielle en France, c’est se dévoiler. Les électeurs ont besoin d’avoir ce contact – même symbolique – avec le candidat, c’est la personnalisation et l’incarnation du pouvoir.
François Hollande a donc respecté cette condition à l’élection en parlant de lui : « Je n’aime pas les honneurs, les protocoles et les palais. Je revendique une simplicité qui n’est pas une retenue, mais la marque de l’authentique autorité. »
Dans son discours, il a désigné son véritable adversaire comme « le monde de la finance ». Ainsi, ne désignant pas directement le Président-Candidat Nicolas Sarkozy (« J’aime les gens, quand d’autres sont fascinés par l’argent. »), il se place au dessus de l’antisarkozysme primaire. En effet, le candidat socialiste essaie de gagner en hauteur en formulant une attaque contre la finance, qui est souvent une posture très populaire à gauche et un clin d’œil certain à Montebourg et peut-être même à Mélenchon.
Ce discours – rédigé par le candidat lui-même – est clairement à gauche. Hollande pose le problème du logement, propose le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, le vote des étrangers aux élections locales. Certains diront que ce sont des mots qui font plaisir à l’électorat de gauche. Mais n’est-ce pas aussi le but de ce genre de meeting de masse ?
Les électeurs qui se sont déplacés au Bourget étaient acquis à François Hollande, ils sont là pour se rassurer mais sont globalement convaincus. Il faut maintenant arriver à convaincre la population française dans sa majorité. Pour gagner, François Hollande doit ne pas être l’homme d’un clan. Mais, quand on entend : « Tous ceux-là, les délinquants financiers, les fraudeurs, les petits caïds, je les avertis : ceux qui ont pu croire que la loi ne les concernait pas, le prochain président les prévient, la République, oui, la République vous rattrapera ! », on se demande si ce n’est pas Manuel Valls (aile droite du PS), responsable de la communication qui le lui a soufflé.
Sans avoir évoqué ses adversaires de droite, Hollande a positionné son discours en opposition frontale à la droite, en désignant un ennemi – » le monde de la finance » – qui est traditionnellement considéré comme l’un des meilleurs soutiens des tenants du libéralisme en politique.