Intervention de Valerio Motta et Frédéric Neau

Le 4 janvier 2012, dans le cadre du cours « Espace Public et Internet » de Stéphanie Wojcik, la promotion du Master 1 a eu le plaisir d’accueillir Valerio Motta et Frédéric Neau, responsables web respectivement du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie Les Verts. Cette rencontre a été l’occasion d’échanger autour de la place du web dans un parti politique et notamment dans le cadre de la campagne présidentielle 2012.
Les deux intervenants ont présenté leurs conceptions du militantisme sur le web, ainsi que celles de leurs partis à l’aide de vidéo (Lipdub de EELV avant les Européennes ou Episode de « Mot à mot » pour le PS). Ces visions peuvent parfois être différentes, nous y reviendrons. Ainsi, le pôle web du PS, hébergé au sein du pôle communication, doit faire valider les contenus par une hiérarchie élastique selon les cas. Pour sa part, EELV offre davantage d’autonomie aux militants. Frédéric Neau a rappelé que la pensée des Verts ressemble « à l’esprit Web ». Ces différences peuvent s’expliquer par des histoires politiques divergentes.
Il faut rappeler que Valerio Motta est un ancien étudiant de notre formation qui a su mettre en application au quotidien ce qu’il a appris au sein du département. On a, durant cette intervention, compris l’importance de penser l’information, de l’organiser et de la faire vivre le plus longtemps possible.
Le Parti Socialiste a une conception du web plus hiérarchique, en effet Martine Aubry a organisé le pôle communication, il entre dans un organigramme. Une stratégie est mise en place avec la définition de différentes cibles : les militants, les activistes, les sympathisants, les électeurs et le public. L’objectif de la communication est de faire évoluer chaque cible d’un niveau. C’est une réelle professionnalisation de la campagne en ligne avec une équipe web d’une dizaine de personnes uniquement autour du candidat (Ce qui fait sourire Frédéric Neau, ils sont 4 à EELV pour organiser toute la communication du parti). Motta rappelle qu’il faut une équipe qui fasse constamment de la veille, on ne peut se permettre de louper une actualité.
Pour Frédéric Neau, le problème principal de sa campagne est le manque de moyen. C’est pour cela qu’il donne de l’autonomie à ses militants. Il a donc monté une équipe d’ « Ecolo-geek » (« On est un geek dès que l’on est sur Facebook »). Son rôle se distingue de celui de Valerio Motta en ce sens qu’il accompagne les idées des uns et des autres et qu’ils trouvent les ressources adéquates : Un militant a une idée mais n’a pas l’outil, Frédéric Neau va chercher une solution. Europe Ecologie les Verts prône la confiance entre les militants, il y a donc rarement des erreurs dans les contenus.
Dorénavant, Internet se trouve au centre des campagnes électorales. Selon la métaphore utilisée par Valerio Motta, une campagne sur le net, c’est comme « construire un avion en volant ». C’est ce qui fait la magie de ce média, on doit être en constante évolution et en remise en question permanente. Faire le buzz n’est pas suffisant, le communicant doit chercher le message adapté et le communiquer efficacement. Cela est d’autant plus crucial que l’on peut suivre une campagne en restant derrière son écran. Il y a plus de personnes qui suivent un meeting sur internet que de militants sur place.
Une bonne interprétation du web par les partis politiques est d’autant plus importante que les français consultent rarement les sites des partis et qu’il convient donc de les amener au contenu politique via d’autres biais.
Valerio Motta souligne tout de même l’importance de la connexion entre la campagne en ligne et celle sur le terrain. Une campagne uniquement web n’est pas encore possible en 2012, le web reste encore pour les leaders politiques un objet non identifié.
Maxime Boitieux